ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La résurrection de Jésus



fiction dramatique en huit actes





Avant-propos





Ils ont vu... et ils ont cru

Avant-propos
- La forme théâtrale
- Argumentation des
  évangiles
- Structure des évangiles
- Du récit au drame

Le tombeau vide

Signes et apparitions

Pilate enquête sur le vol du corps de Jésus

L’apparition du ressuscité aux disciples

Du tombeau vide à l’holocauste

Les Écritures et le Christ

Jésus

Le Fils de Dieu incarné ?

Du récit au drame


   C’est le moment de quitter le récit pour passer au drame, mais avant d’exposer celui-ci je crois nécessaire d’évoquer le passage du récit au drame.

   Pour le composer il fallait entrer comme sujet critique dans le récit, pour appeler les actants à se déguiser en personnages pour un dialogue dialectique entre eux. M’était-il possible d’entrer dans le récit ? Je dirai que le moment m’était propice, car je savais que le récit, n’étant régi que par des motivations existentielles, n’était pas la narration d’un événement mais d’imaginations vécues. Jésus était mort, et on ne pouvait pas douter de sa mort !

   Le tombeau vide avait suscité la foi en sa résurrection, mais il ne pouvait pas la garantir ; les signes de la résurrection non plus, puisqu’ils étaient équivoques. Quant aux apparitions, étant des phénomènes intérieurs à la conscience, elles ne pouvaient s’appuyer sur aucune preuve de leur réalité, elles posaient le problème de la résurrection sans en donner la solution. Jésus lui-même assurait de sa résurrection par sa présence, mais il n’était présent que par son apparaître, ses déclarations ne pouvaient pas faire sortir de l’illusion.
   Cependant ils y crurent, sauf Thomas, le disciple « lent à croire », qui demanda comme signe une preuve : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai point ». Voulait-il croire, ou voir qu’il était ressuscité ? en d’autres termes le reconnaître par une démonstration certaine et non par la foi en son apparaître ou en sa parole ? Sans doute exigeait-il une démonstration, le seul parmi les actants du récit qui, pour croire, exigeait la preuve de la crédibilité de sa présence, preuve qui ne pouvait venir que de la raison. Mais son consentement pouvait-il être qualifié de foi ?

   Huit jours après, Jésus apparaît de nouveau aux Onze, il s’adresse à Thomas et lui dit : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois pas incrédule mais crois ». Et Thomas croit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » A-t-il vraiment cru ? Sans doute !
   Parce qu’il a vu mais pas regardé les plaies dans ses mains, qu’il n’a pas mis sa main dans son côté et qu’il a reconnu qu’il était ressuscité sur sa parole, Jean pouvait apporter la foi de Thomas comme preuve à ses lecteurs que son évangile était écrit pour qu’on croie que Jésus est le Christ, qu’on ne le reconnaisse pas par une démonstration mais sur sa parole, sur son apparaître Christ.
   Le récit peut donc se clore, et il n’est plus nécessaire que Jésus apparaisse encore, ou qu’il cherche à montrer d’autres signes. Il n’est pas non plus nécessaire que, pour croire, Dieu « aveugle » les voyants parmi les disciples de Jésus, puisqu’ils sont tous aveugles, jusqu’aux « incrédules » (apistos) qui demandaient une preuve. Thomas aussi peut s’en aller, puisqu’il n’y a plus de raison en lui car il l’a offerte en sacrifice par l’acte de foi : pour voir, il a accepté d’être aveugle !

   C’est cette attitude de Thomas qui a ouvert dans le récit la brèche qui m’a permis d’y entrer. En effet, dans tout le récit, Thomas était le seul actant à laisser le récit en tension entre la résurrection et le vol du corps. Quand il croit, le récit n’offre plus aucune ouverture, Thomas devient l’exemple de l’effacement de la raison devant la foi.
   Je me suis introduit dans le récit à travers cette brèche non pour le détruire, mais pour appeler ses sujets à se réunir sous le déguisement de personnages pour engager une discussion critique.
   Mais pourquoi avoir instauré ce dialogue ? Pourquoi faire passer les actes du récit au théâtre ? Je répondrai avec franchise que c'est par le fait que je suis lecteur et que, comme tel, je réponds au récit en agissant comme je pense et comme je suis, d’autant plus que la question des motifs de crédibilité était pour moi des plus pressantes. Déjà, dans ma première année de théologie à l’Angelicum de Rome, je m’étais opposé à la thèse, exposée par un professeur français disciple de Garrigou Lagrange, disant que la foi n’a pas besoin de preuve puisqu’elle se rend crédit par elle-même.



Écrit en 2005




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t340140 : 19/03/2020