ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Recherches  critiques
sur  les  évangiles  de  la  résurrection







Lecture des textes :

L’événement de la résurrection chez Matthieu





Présentation

Lecture des textes
- Introduction
- L’événement
  . Marc
  . Matthieu
  . Luc
  . Jean
  . En résumé
- Les apparitions
- Les linges
- Regard rétrospectif
- Des évangiles aux Écritures

Écritures et salut

Entre vérité et mythe

Le mythe des évangiles

Le tombeau de Jésus


Magnum Dictionarium latinum et gallicum, de P. Danet, MDCXCI ans un appendice joint à son récit (Mt 27: 62-66), Matthieu affirme que des pharisiens et des sacrificateurs s’étaient rendus chez Pilate pour lui demander de mettre le tom­beau sous surveillance pendant les fêtes de Pâque, car ils craignaient que les disciples ne dérobent le corps pour justifier la résurrection. Ils savaient, en effet que, de son vivant, Jésus avait affirmé qu’il res­susci­terait « le troisième jour » après sa mort. Pilate leur concéda ce qu’ils avaient demandé.
   Or, il arriva que Jésus ressuscita et que les gardes, d’accusateurs, devinrent les premiers témoins de cet événement. Les pharisiens et les sacrificateurs ne trou­vèrent d’autre remède à leur échec que celui de corrom­pre les gardes avec de l’argent, exigeant qu’ils témoi­gnent que les disciples avaient dérobé le corps de Jésus, pendant leur sommeil (Mt 28: 11-15). À elle seule, cette motivation suffit à démontrer que ce conte est un « coup monté ». À part cela, il correspond à trop d’inté­rêts pour qu’il soit véridique. En effet, il serait dérisoire et par trop simpliste de recourir une seconde fois au Procurateur pour écarter le vol, qui ne reposait que sur leur soupçon religieux.
   J’ajouterai que l’idée de surveiller le tombeau ne ve­nait que des « chrétiens » eux-mêmes qui, n’ayant pas été témoins de l’événement, cherchaient à se situer par­mi ses négateurs. Leur foi créait l’événement, non seu­le­ment par le mensonge, mais par le chantage ! Tou­te­fois, le récit de Matthieu offre une hypothèse sur la première formulation de la résurrection de Jésus rap­por­tée par Marc, mais refoulée par la censure apportée au texte.

   Le récit imaginaire des femmes supposait sans équi­voque que le corps de Jésus avait été emporté et le tom­beau saccagé. Mais les auteurs du saccage étaient-ils les mêmes que ceux qui l’avaient dérobé ? Le saccage pou­vait donner à penser le contraire. Il y a des raisons de supposer que des sectaires s’étaient rendus au tombeau pour se saisir du cadavre, car le corps d’un homme « pen­du sur le bois » ne pouvait pas bénéficier, selon la Loi qui le maudissait, d’un ensevelissement rituel (Dt 21: 22-23). Mais en emportant le cadavre, ils avaient aussi saccagé le tombeau, pour indiquer que ce lieu était souillé et maudit. Les disciples de Jésus avaient entre-temps répandu la rumeur que les Juifs avaient violé le sépulcre et dérobé le cadavre. Or les Juifs le démenti­rent, ne pouvant pas s’avouer coupables du vol d’un cadavre concédé par le Procurateur. À leur tour, ils accusèrent les disciples d’en avoir été les auteurs afin d’en annoncer la résurrection.

   Or cette accusation eut un effet imprévu, mais déci­sif, dans le surgissement de la foi en la résurrection. En effet, les disciples prirent au sérieux l’affirmation des Juifs et, constatant que le corps de Jésus ne se trouvait plus dans le tombeau, ils se trouvèrent confirmés dans la croyance que Jésus avait lui-même repris son corps. La conviction de la résurrection de Jésus a donc surgi de l’opposition entre les Juifs et les disciples de Jésus à propos du tombeau vide, rivalité que Dieu aurait utilisée pour justifier la résurrection.



   Le récit de Matthieu (Mt 28: 1-10) se développe entre les deux parties de cette information sur la garde du tombeau, reprenant la scène où Marc présente les fem­mes se rendant au sépulcre et l’ange leur apparaissant, sous l’aspect d’un jeune homme qui, non seulement leur annonce la résurrection, mais la révèle. En effet, il des­cend du ciel dans un tremblement de terre ; il fait rouler la pierre qui fermait le tombeau. Cette ouverture donne à penser que la résurrection se réalise, même si per­son­ne ne voit Jésus en sortir ! Devant la perplexité des femmes, l’ange les invite à pénétrer à l’intérieur du tom­beau afin de les convaincre : « Voyez, leur dit-il, en les invitant à regarder la dalle... Il était ici... Or, il n’est plus là ; c’est donc bien qu’il est ressuscité ! ».

   J’opère une légère retouche du texte, afin de lui don­ner la forme d’une argumentation syllogistique, propre à la théologie de l’école. En effet, sa force de per­su­a­sion ne procède pas du rapport déductif du « cogito », mais de la parole de Dieu qui en assure la vérité. Il est sans doute surprenant que l’ange en vienne à prouver la ré­surrection par le raisonnement, alors qu’il est des­cen­du du ciel pour l’annoncer et en témoigner selon l’au­torité de Dieu ! L’évangéliste, cependant, ne semble pas tout à fait convaincu de la validité de sa démonstration, puis­qu’il s’arrange pour que le Ressuscité vienne à la ren­contre des femmes sur leur chemin de retour pour la confirmer dans sa personne.




Écrit en 2006




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t351120 : 11/10/20017