Le texte
Regards sur le récit
Analyse du récit
- Introduction
- Jésus et le Christ
- Marie se trouva enceinte
- Joseph, son époux
- L’annonce de l’ange
- Voici la vierge sera enceinte
- Une fois réveillé
Regard rétrospectif
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Joseph, son époux
« Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit »
En trouvant Marie enceinte Joseph, son époux, en fut étonné autant qu’elle, mais il ne pouvait pas ignorer qu’il était obligé de la dénoncer, pour savoir avec certitude si elle était ou non coupable. Elle pouvait sortir indemne du jugement si elle avouait, sous serment, n’avoir pas consenti au coït : agressée, elle avait appelé au secours. Mais la loi était très intransigeante et trop expéditive pour la femme à ce propos. Son témoignage n’était accepté que si elle avait appelé au secours la nuit, mais pas le jour. Dans le premier cas, l’accusée n’était pas obligée d’apporter le témoignage de quelqu’un qui avait entendu ses cris, parce que la nuit oblige à supposer qu’il n’y avait personne au dehors. Mais pas dans le deuxième cas, car on devait présumer que quelqu’un l’avait entendue. Et si personne ne s’était présenté pour témoigner ? C’était l’indice qu’elle n’avait pas imploré de secours ! Présumée coupable, elle était condamnée à la lapidation, son enfant dans son sein.
C’est pourquoi Joseph, doutant que Marie ait crié au secours au grand jour et non la nuit, et que personne ne soit venu à son soutient, avait craint qu’elle n’échappe pas à la lapidation. Il avait donc décidé de ne pas la dénoncer et de la quitter, sans déclarer cependant que l’enfant n’était pas de lui : Marie ne pouvait échapper à la condamnation qu’en évitant le jugement.
Mais pourquoi alors l’abandonnait-il ? Joseph était sûr de l’innocence de Marie, mais ses raisons se fondaient sur des convictions personnelles qui allaient à l’encontre de la Loi. Devant celle-ci, son mariage aurait été illégitime, parce que père légalement reconnu d’un enfant dont il n’était pas réellement père et qu’il avait soustrait à la mort due pour le péché qui l’avait mis au monde. Pour un Juif, la loi mosaïque n’était pas extérieure à la conscience morale parce qu’elle en était le fondement. Homme martyr dans la tension entre le droit de l’homme à son existence et la revendication de la loi de sa légitimité.
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