ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



La  naissance  de  Jésus



Matthieu 1: 18-25




Analyse du récit







Le texte

Regards sur le récit

Analyse du récit
- Introduction
- Jésus et le Christ
- Marie se trouva
  enceinte
- Joseph, son époux
- L’annonce de l’ange
- Voici la vierge sera
  enceinte
- Une fois réveillé

Regard rétrospectif



L’annonce de l’ange à Joseph



« Voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe »

   Mais Dieu, le Sujet au-dessus de la loi, vient à son secours. Un ange du Seigneur empêche Joseph de mettre à exécution son plan de salut pour sa femme. Il lui annonce trois choses : que Marie est enceinte du Saint Esprit ; que l’enfant dont elle accouchera sera le sauveur des péchés des hommes ; que sa grossesse dans sa virginité est annon­cée par les Écritures. À la suite de cette apparition Joseph, affirme le texte, prend Marie avec lui comme épouse. Mais arrêtons-nous sur ce message pour en connaître le sens et la référence et l’inscrire dans le contexte. Ce que l’ange annonce, c’est le condensé de ce qui constitue le message des évangiles, la charte de la foi de la religion chrétienne. En étoffant le récit par le contenu de cette charte, je m’exprimerai ainsi.

   En ayant condamné les hommes à une vie mortelle comme peine du péché originel, Dieu décide de leur par­donner et de leur envoyer un Sauveur dans la personne de son Fils.
   Porté par son Esprit, celui-ci est introduit dans le sein de Marie et s’incarne en elle. Marie devient donc enceinte, mais elle n’est pas blessée, comme elle aurait dû l’être selon la condamnation de Dieu, (Gn 3: 16) mais demeure vierge. Aussi Jésus naît d’elle sans lui faire souffrir les peines infligées dans la condamnation. C’est que l’homme qui se forme en elle n’est pas un pécheur mais le Sauveur des hommes du péché.
   Dans sa vie comme prophète, il manifestera son origine divine par des miracles qui annoncent la libération future de l’homme des conséquences du péché, comme la mala­die et la mort. Il mourra en sacrifice expiatoire du péché originel. Il ressuscitera et montera au ciel, montrant aux hommes le chemin qu’ils parcourront pour revenir à l’immortalité et à la béatitude des origines.

   On comprend pourquoi l’évangile fait apparaître sur le frontispice du chapitre de la naissance de Jésus Marie, la mère, comme vierge enceinte. Elle est le symbole de la libération de l’homme du péché par l’œuvre de son Fils, qui s’incarne. Elle est comme l’affiche qui la manifeste aux lecteurs.
   Informé par l’ange que sa femme est enceinte par l’Es­prit de Dieu, Joseph est obligé de croire que son épouse n’a pas été violée. Il doit donc renoncer à la répudier et conclure le mariage, en faisant implicitement croire que l’enfant est de lui. Il n’aurait pas pu d’ailleurs le présenter publiquement comme fils de Dieu, parce qu’il n’aurait pas pu échapper à la peine de mort.
   À la suite de sa foi, serions-nous contraints, nous aussi, à renoncer à notre conviction que Marie a été violée ? Si l’ange a pu convaincre Joseph si aisément, il trouvera chez nous un grand obstacle, car nous sommes dans l’obligation d’exiger de lui les preuves de l’authenticité de son appari­tion, et donc de la vérité de son message. Mais ne les a-t-il pas données ? Si c’est ainsi, cherchons à les mettre en évidence. Il s’agit de l’apparition d’un ange à Joseph et du désaveu de celui-ci de la conviction que Marie avait été mise enceinte par des violeurs. Pourrais-je ne pas y croi­re ? J’ai toujours gravé dans mon esprit que dans le troi­sième évangile, les apôtres ne croient pas les femmes, venues leur annoncer que des anges leurs étaient apparus annonçant que Jésus était ressuscité. Et ils vont personnel­lement au tombeau chercher les signes de la résurrection (Lc 24: 9-11). Qu’il ne déplaise pas au lecteur d’entendre que moi aussi je ne peux pas croire à la réalité de cette apparition.
   Le Joseph de l’histoire savait, comme nous l’avons vu, que Marie avait été mise enceinte par viol. Le Joseph qui croit maintenant à sa fécondation par le Saint Esprit n’est pas celui du réel, mais le Joseph du récit. D’ailleurs, nous avons constaté que la fécondation de Marie par le Saint Esprit n’a pas été annoncée par Marie, mais déclarée par l’évangile, à partir du code de foi en l’événement de la rédemption. D’ailleurs, le Joseph historique n’aurait pas pu le comprendre, parce que, comme je l’ai dit, l’affirmation aurait été considérée blasphématoire. Pour la reconnaître comme parole de Dieu, il fallait attendre l’évangile et que Joseph en devienne personnage.

   Il y a une deuxième raison qui nous oblige à affirmer que le changement de conviction de Joseph ne relève pas des faits mais de la conviction de l’auteur de l’évangile. L’apparition de l’ange se passe « en rêve » (Kat’onar) et non en état de veille. En d’autres termes, elle est un rêve. Or il n’est pas nécessaire d’aller aux profondeurs de la psychologie pour affirmer qu’en rêve il n’y a pas des actions réelles mais des jeux d’imagination dans le but de sublimer des faits accomplis en état de veille ou de les refouler. Sous ce point de vue, ce trait du récit confirme la conviction initiale de Joseph sur la fécondation de Marie : elle avait été violée.
   On pourrait objecter que le texte peut se lire d’une autre façon, car on y affirme de Joseph « Comme il y pensait, voici un ange du Seigneur lui apparut ». L’ange lui apparaît donc tandis qu’il pensait. Il s’agirait donc d’une révélation de Dieu pour lui et non pour le récit. L’ange, donc la révélation, vient à son esprit, quand il pensait à la situation de Marie et à son plan de remède. Joseph était donc en veille et non « en rêve ». Comment se fait-il que Joseph tombe en sommeil au moment même où l’ange lui apparaît ? Sans doute, dirait-on, afin que l’ange lui appa­raisse en rêve !
   On dirait que le rêve lui a permis de refouler la réalité de la fécondation de Marie par viol et de son plan de sauvetage, et de transformer le viol de Marie en une fé­condation par le Saint Esprit, dictée par le code de foi. Mais ce code est celui de l’écrivain et non du Joseph réel. Mais pour l’auteur de l’évangile c’est l’ange qui révèle et garantit la conception virginale de Marie. On dirait cepen­dant qu’il n’est pas tout à fait satisfait, car il recourt à une dernière argumentation qui devrait ôter tout doute : la ré­férence aux Écritures.






Le 18 août 2008




Retour à l'accueil Joseph, son mari Haut de page Voici la vierge sera enceinte    Imprimer

t382400 : 18/01/2021