ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  création  de  la  femme



Genèse 2: 18-25




Excursus exégétique


Verset 22

Yahvé-Élohim forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’Adam et l’amena à lui.







Texte et contexte

Excursus exégé-tique
- Introduction
- Verset 18
- Versets 19 et 20
- Verset 21
- Verset 22
- Verset 23
- Verset 24
- Verset 25

Analyse et interpré-tation du récit





   Dans la création d’Adam, yahvé a agi comme un potier en façonnant de l’argile ; ici, de façon étonnante, il fait penser à un chirurgien qui prélève un organe destiné à être greffé dans le corps d’un autre. Adam est soumis à un sommeil profond, comme dans une anesthésie totale, par hypnose.
   Pourtant, Dieu ne prélève pas ici d’organe, mais une côte qui n’est pas greffée, mais transformée en une créature, la femme. Cependant rien n’est dit de la nature de cette opération créatrice. Il nous reste à l’imaginer, en nous souvenant de la création de l’homme, accomplie par Dieu à l’aide d’argile, et appelé à la vie par son souffle.

   Pourquoi une « côte » et pas un os quelconque ou un organe du corps ? À propos d’un récit mythique, où les choses ne sont pas définies par ce qu’elles sont mais par leur relation à l’existence de l’homme, il faut imaginer quelque membre du corps ou quelque aptitude humaine, qui puissent être des symboles de la femme.
   Dans la Bible, le mot « côte » (elah) est employé en différentes occasions, par exemple dans la construction d’un édifice, à propos des planches, des poutres, des haies de bois, etc. appelées « côtes de construction » (1 R 6: 15 ; 7: 3). À proprement parler, la « côte » est un des ossements du thorax. Le mot relève aussi d’une praxis de vie par les expressions « être à côté », « à mes côtés » (lehelo) (Jr 20: 11), ou « à ses côtés » (Jb 18: 12). Or la personne à côté de qui vit l’homme est précisément la femme. D’où la symbolisation de la femme par « l’être à côté », et de « l’être à côté » par la « côte ». Le symbolisme de ce mot n’est pas évident, il sous-tend le récit qui décrit la création de la femme à partir de l’homme selon l’ascendante du processus de symbolisation de la côte jusqu’à la femme.

   Reprenons l’énoncé : « Et il forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’Adam ». On ne trouve pas, contrairement à la création d’Adam, le verbe « former » (Iasah), mais « Banah », qui signifie « bâtir », « édifier », « construire », « fonder » et donc, au sens large, « former ». Surprenante utilisation de ce verbe puisque, selon la traduction exacte, la proposition déclare que Yahvé « édifia » sur ou avec la côte qu’il avait prise d’Adam « une femme ». La création de la femme est donc assimilée à l’édification d’une maison.
   La Septante et la Vulgate traduisent « banah » par « oicodomeso » et « aedificavit ».
   La côte serait comme la pierre d’angle d’une construction. Ajoutant d’autres côtes à cette côte angulaire et poursuivant la trajectoire suggérée par ses lignes et par sa forme, Dieu serait parvenu à réactiver le thorax et, ensuite, le corps entier, sur le modèle d’Adam. La côte fonctionnerait comme la « pierre d’angle » d’un édifice, d’où l’emploi du verbe « édifier ».
   Dans la littérature ancienne, la maison est un symbole de la « femme ». L’homme ne doit-il pas quitter sa mère et son père, pour « s’attacher à sa femme », et donc habiter dans sa maison ? (Gn 2: 24). Citons aussi les Proverbes : « La femme sage bâtit sa maison » (Pr 14: 1).

   Le modèle de cette création est celui d’Adam. La femme est issue de la chair de l’homme, sur le modèle de son corps, par l’agrégation d’os et de chair à partir de la côte fondamentale. Adam est devenu « âme vivante » par le souffle de Dieu, mais la femme a-t-elle aussi reçu le même esprit ? Même si le texte ne le dit pas, on peut le supposer, puisque Adam est son modèle. Pourtant, il ne s’agit pas d’un souffle nouveau. En effet, si son corps a été « construit » à partir de la côte d’Adam, qui a reçu sa vie du souffle divin, on peut soutenir que la femme aussi est devenue une « âme vivante » par le même souffle qui a amené Adam à la vie. La femme a été créée vivante à partir de la chair vivante de l’homme.

   Une question subsiste après cela : Comment Dieu, par la formation de la « côte » sur le modèle d’Adam, est-il parvenu à réaliser une femme ? À première vue, l’acte de Dieu ne semble pas devoir aboutir à la femme. Cependant, ce niveau expose seulement la narration de la création d’un être forgé sur le modèle d’Adam, en tout semblable à lui, et qui peut s’offrir à lui comme son « vis-à-vis » et son interlocuteur. C’est un être humain, ayant un même corps et une même intelligence, selon un processus d’imitation ou de reproduction. Mais la femme n’est pas seulement un être semblable à l’homme, elle est aussi différente de lui : leurs fonctions vitales sont complémentaires. En bref, ils sont sexuellement différenciés, bien que la sexualité ne soit pas explicite dans le récit.
   Cependant, dans la symbolique du texte, le mot « côte » est le symbole de « l’être à côté ». La sexualité est donc sous-jacente et le lecteur reste dans l’expectative : la source de la féminité, le sexe, devrait apparaître sous le symbolisme. Alors, la sexualité se dévoile-t-elle lorsqu'Adam rencontre la femme que Dieu lui présente ?






Le 6 juin 2001




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