ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  création  de  la  femme



Genèse 2: 18-25




Analyse et interprétation
du récit

La création de la femme







Texte et contexte

Excursus exégétique

Analyse et inter­pré­tation du récit
- Introduction
- La création de la
   femme

  . Introduction
  . La solitude de
    l'homme
  . Profil existentiel
    de la femme
  . Création des ani-
    maux
  . Création de la
    femme
  . Adam, andro-
    gyne ?

  . Comme une nais-
    sance
- Les fiançailles
- ...




Adam, un androgyne ?


   Si Dieu prélève en l’homme le sexe féminin, on peut supposer que l’homme des origines était androgyne. La narration biblique de la création de la femme connaîtrait ainsi la même forme littéraire que les récits mythologiques sur la castration de l’homme originel.

   Cette hypothèse renvoie au mythe de l’androgyne du Banquet de Platon. Aristophane, le conteur, affirme qu’au commencement l’humanité se divisait en trois genres, et non en deux : l’homme, la femme et l’androgyne, le pre­mier venant au monde sous l’influence de la terre, le se­cond sous celle du soleil, le troisième sous celle de la lune éclairée par la terre et le soleil. Les premiers androgynes étaient à la fois titanesques et monstrueux, avec deux visa­ges, quatre bras et quatre jambes, quatre yeux et quatre oreilles. Devant de tels monstres, Zeus fut choqué au point de songer à les détruire ou, au moins, à les affaiblir, afin de proscrire leur violence. Et il les scinda en deux, distin­guant en chacun le mâle de la femelle. (Platon ; Le Ban­quet ; Belles lettres ; Paris ; 189-191)

   Adam ne peut pas être assimilé au titan originel décrit par Aristophane dans Le Banquet, car au contraire de cet homme au corps double, entre monstre et homme, Adam est bien un homme à dimension humaine, ce qui n’exclut pas qu’il puisse être androgyne selon un autre mode d’être. Il convient donc d’examiner cette piste, sans oubli­er le principe du transfert qui nous guide dans cette recher­che, et que l’Adam que nous cherchons doit en même temps correspondre à l’homme réel de l’histoire. Nous procéderons par étapes, considérant successivement la solitude d’Adam, la création de la femme opérée par Dieu à travers lui, et la rencontre avec la femme.

   Adam est l’homme historique sublimé par transfert en homme origine. Il est un individu qui personnalise la nature humaine dans toute sa virtualité de mâle et de femelle. Mais il n’a pas encore de vie propre, parce qu’il n’existe pas d’autre individualité que la sienne, et que la nature hu­maine ne réside qu’en lui. Ce n’est pas un individu, car il incarne l’humanité entière. Il n’est pas « un hom­me » (ich), il est « l’homme » (Ha-Adam), individu en relation non à un autre individu « ich » ou « ichah », mais avec la nature humaine qu’il incarne dans sa solitude. Son nom est celui de sa nature, Adam, le nom qui le renvoie à la poussière du sol (adamah), d’où il a été tiré. Il surgit du sol et il s’élève en face de l’univers, dont la terre est le centre, pour l’englober dans son regard.

   Or, si Adam est l’individuation de l’homme dans sa totalité, il devrait posséder à la fois le sexe du mâle et celui de la femelle. Cela ne semble pas intéresser le mythe, dont le propre est d’indiquer ou de supposer un fait sans en préciser pour autant le mode d’être, et en en préservant la libre interprétation. Au récit de la tentation, il est dit que le serpent converse avec la femme, et nous l’imaginons tel que l’expérience le décrit. Toutefois, la fin du récit laisse entendre qu’au moment de la rencontre il n’était pas la bête rampante que nous connaissons : son corps ne prend cet aspect qu’après avoir séduit la femme et en punition infligée par Dieu. Comment était-il auparavant ? Peut-être avec des pattes, mais le texte n’en dit rien, car cela ne fait pas partie de son message.
   De façon similaire, le texte sur la création de la femme demeure muet au sujet de l’ablation du sexe féminin en l’homme, mais le symbolisme qui enveloppe le récit laisse entrevoir sa présence. Ayant choisi de délivrer Adam de la solitude de son individualité, Dieu l’a plongé dans un pro­fond sommeil, pour atteindre au paroxysme fondamental qui sous-tend son être, entre la nature et l’individualité. Il lui a retiré une « côte », qui symboliquement le conduit à l’être à côté, de l’être à côté au sexe, et du sexe à la fem­me. Symboliquement, Dieu a donc pris « une des côtes » de l’homme, mais en réalité il a séparé dans son sexe la part de féminité, par laquelle il a engendré la femme. Ainsi a-t-il morcelé la nature en deux individualités, l’une mâle et l’autre femelle. Dès lors, il n’a pas seulement créé la fem­me, mais il a recréé aussi l’homme, par un remodelage par lequel l’homme est devenu apte à vivre une vie indivi­duelle indépendante. Il était l’homme, il est devenu main­tenant un homme. Il était Ha-Adam, il est un Adam, ich, en relation avec ichah.






Le 6 juin 2001




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