ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Jérusalem,  ville  de  paix ?




Les positions protestantes



2- Les options protestantes
     non-conformistes



La logique ou l'art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664





Présentation

Les positions protestantes
Options traditionnelles
Options non-conformistes
Options oppositionnelles

Les deux grandes lignes culturelles
Messianisme temporel
Mouvement prophétique

Jérusalem aujourd'hui



e professeur Georges Casalis en est un représentant significatif (cf. article dans la Revue du Christia­nisme social, n° 9-10, de 1967). Il part aussi du « mystère de l’élection » d’Israël qui s’accomplit en Jésus de Nazareth. En lui tout homme, pas seule­ment Juif, devient « fils d’Abraham ». C’est pour­quoi il convient d’attribuer une signification particu­lière au destin des Juifs, convertis ou non au Christ.
   Mais Georges Casalis apporte une nuance impor­tante : l’élection n'entraîne aucun droit. Elle n’est pas une « possession ». Il convient de distinguer entre « Israël selon la chair » et le « reste fidèle » qui con­serve l’alliance. Par exemple, chez le roi Saül, l’élec­tion se change en son contraire.
   Une conséquence majeure en découle : le critère de l’élection n’est pas un droit, mais un renonce­ment, à l’image de Jésus, le « reste fidèle ». « Vie ouverte et offerte à tous les hommes dans la solida­rité et la lutte pour la justice, la liberté et la paix – écrit Georges Casalis – la " préexistence " est le signe à quoi on reconnaît Israël avant Jésus-Christ ». Il fait intervenir ici la notion de « pauvre­té » comme critère de l’élection : « la mesure de l’ordre social, du gouvernement et de la civilisation d’Israël – et partant, de tous les autres. C’est en particulier, l’apport décisif des prophètes (Amos, Isaïe, Osée...) que de montrer sans cesse au peuple élu qu’il n'est pas de culte véritable tant que les pauvres sont méprisés et exploités ».

Mais il y a une « tentation » constante d’Israël : s’imposer aux autres et brandir son élection comme une arme « en l'utilisant à des fins politiques, chaque fois qu’il veut y trouver une sécurité le dispensant de l’obéissance de la foi, il fait l’amère expérience qu’il est seul et délaissé par son Sei­gneur ». C’est pourquoi, il n’y a pas de lien direct entre la manifestation eschatologique et l’établis­sement terrestre du peuple de Dieu. « Toute tentati­ve dans ce sens, pour quelque raison que ce soit, est éminemment ambiguë, suspecte et dangereuse ».

L’État d’Israël est d’ordre historique et non théo­logique. « Il faut se garder de confondre le destin des Juifs avec l'existence de cet État ou de voir en celui-ci un signe important de la venue du Royau­me ». Né de la culpabilité des nations chrétiennes d’Europe, il doit être jugé avec les critères du droit international.

Quant aux « lieux saints », ils sont la justification et l’alibi de toutes les croisades. Il y a désormais un dépassement de cette sacralisation et une séculari­sa­tion nécessaire.

Que penser de cette position non-conformiste ? D’abord, la base étant commune aux protestants tra­ditionnels et à cette position, nous ferons la même critique fondamentale du « mystère de l’élection ». D’autre part, il n’est pas entièrement exact que « nous sommes tous spirituellement des sémites », selon l’expression de Pie XI. En effet, nous sommes aussi (et tout autant) spirituellement des « gréco-latins ».
   Même s’il faut rendre justice à cette position qui renonce à confondre « élection » et « droit acquis », on peut regretter qu’elle maintienne l’ambiguïté entre l’interprétation théologique et la réalité historico éthi­que. Elle ne propose pas un niveau « intermédiaire » qui pourrait être, par exemple, une analyse socio­logique d’Israël en tant que « peuple ».
   Par ailleurs, pourquoi le critère de « pauvreté » justifiant l’élection s’applique-t-il au seul peuple d’Is­raël, et non pas aussi à d’autres peuples qui vivent dans les mêmes conditions de « pauvreté », de nos jours ? Dans le contexte actuel, l’État israélien justi­fie-t-il ce critère ? Les peuples arabes ne sont-ils pas, eux surtout, en état de sous-développement ? Au­jourd’hui, où sont les « pauvres du monde » ?




Conférence du 27 février 1968




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tc111200 01/11/2017