ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Préface du Pasteur Albert Gaillard


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde

Itinérance : une quête du sens

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




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   Toute préface est un seuil.
   Elle introduit le lecteur, comme un hôte attendu, dans une demeure encore inconnue, afin qu’il s’y sente un peu moins étranger. Elle doit donc le familiariser déjà, d’une certaine manière, avec l’ouvrage et son auteur.
   Cette tâche – qui par ailleurs m’est agréable, s’agissant d’un ami – m’apparaît ici redoutable et me remplit de crainte… Au risque de croire n’est pas un livre comme les autres. Quiconque en parcourrait les pages d’un œil distrait, ou avec le regard froid du critique, ne franchirait précisément pas le seuil d’intimité que la pudeur de Pierre Curie laisse dans la pénombre, mais à partir de quoi s’éclaire pourtant toute la compréhension du texte.

   Ce texte, ou plutôt ces textes sont, en effet, les étapes datées d’un cheminement, d’une recherche passionnée et exigeante où le souci constant d’honnêteté intellectuelle laisse voir, en filigrane, les traces d’un dur combat spirituel avec toutes ses blessures et ses souffrances. J’éprouve toujours un grand respect pour les convictions acquises à un tel prix…

   Je connais quelques avatars de l’itinéraire qu’a suivi l’auteur, les risques qu’il a pris dans sa propre existence et pas seulement dans un titre sur une couverture, les coups qui l’ont meurtri. Mon respect se double alors d’une gratitude : celle de découvrir, à travers sa quête douloureuse du sens, une sérénité et une espérance que vient couronner l’Alléluia final saluant la gloire de Dieu dans l’accomplissement de l’homme.
   Un autre motif de reconnaissance me paraît devoir être évoqué : la démarche de Pierre Curie aidera, sans nul doute, tous ceux – chrétiens ou non – qui se sont aussi mis en route pour une semblable « quête du sens » dans l’immense crise des certitudes que connaît la fin de ce siècle.
   Le parti-pris de réalisme – qu’on eût taxé naguère encore de positivisme – la priorité donnée à l’existence et au devenir sur l’essence méta­physique, l’affirmation du caractère provisoire et par conséquent relatif de toutes les formulations constituent, me semble-t-il, des jalons indispensa­bles. Les certitudes définitives de tous les dogmatismes bloquent, par hypothèse, les voies de la recherche. Elles apportent peut-être une sécurité précaire, mais d’autant plus âprement défendue, à des esprits qui répugnent au risque. Que pèse pourtant ce genre de sécurité craintive au regard de l’exigence de vérité ? Comme l’exprimait l’auteur dès son entrée dans le ministère pastoral, rien ne doit jamais être idolâtré : ni l’homme, ni même Dieu.

   Parmi ce choix de textes qui, tous, sont stimulants pour la réflexion et pour la foi, puis-je signaler au lecteur la remarquable étude intitulée « Dieu contesté par Job » (1) ? Au cœur du drame humain le plus universel et des « pourquoi » sans réponse, c’est de notre propre combat qu’il s’agit : nul ne pourra lire ces pages sans y être interpellé par cette voix qui crie justice et demande raison. « Quelle maladie d’avoir réponse à tout » : ce n’est pas le moindre mérite de Pierre Curie que d’oser le rappeler à ce propos. Car les questions sont toujours plus importantes que les réponses, surtout quand ce sont des questions cruelles, existentielles, qui nous mettent directement en cause et nous délogent de nos fausses sécurités.

   Savoir accepter que des questions décisives restent pourtant sans réponse, poursuivre ainsi en pauvre le pèlerinage du sens, mais réinventer ou redéchiffrer, avec tous, une espérance qu’ils aient de la joie à se communiquer les uns aux autres dans leur dénuement : c’est l’humble démarche que Pierre Curie suggère tout au long de ce livre, sans que cesse d’y transparaître une foi libératrice référée au Nazaréen Jésus…

   Voilà pourquoi je me sens tellement solidaire de sa recherche… Je souhaite que chaque lecteur en franchisse maintenant le seuil avec sympathie et comme poussé par un secret espoir.




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juin 1971




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