ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De Jésus-Christ à Jésus


Étude référentielle et archéologique des évangiles




Les Écritures et le salut :

La consolation de Jérémie et du second Isaïe




Avertissement
Sommaire

Introduction

Les Écritures et le salut
- Un regard sur les
   Écritures
- Le peuple de Dieu
- La chute des États juifs
- La consolation
- Le sacrifice selon Isaïe

Jésus, de sa naissance à sa résurrection

La personne de Jésus



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   La vocation prophétique de Jérémie commence à trente-cinq ans et s’exerce durant toute la période de l’occupation de « l’Araba » par la puissance assyrienne jusqu’à la destruction de Jérusalem. Son rôle prophétique était aussi politique, dans la mesure où l’État et la vie étaient subordonnés à une foi religieuse. La solution d’un problème donnée par les responsables politiques devait être en correspondance avec la parole qui venait des ministres de la foi. Jérusalem était en même temps capitale d’un État et d’une religion.
   S’il est vrai que le peuple juif, en voulant passer de la « régence » d’un juge à la « souveraineté » d’un roi, avait fait un pas en avant vers la laïcité, il faut avouer que celle-ci n’existait qu’au niveau formel, dans la mesure où tous les problèmes étaient résolus par les ministres, mais où leur solution devait être soumise par les prophètes à l’approbation de Dieu. Jérémie et le Second Isaïe étaient les prophètes reconnus et officiels du royaume, d’autres l’étant d’une façon individuelle. Jérémie était le plus âgé. Les textes des Écritures qui le concernent s’offrent comme un recueil de pages autobiographiques, et donc de son activité prophétique.
   « Depuis la treizième année de Josias, fils d’Amon, roi de Juda jusqu’à aujourd’hui, voici vingt-trois ans que la parole de Yahvé m’est adressée et que, sans me lasser, je vous parle, mais vous n’avez pas écouté… Cette parole était : revenez donc de votre vie mauvaise et de la perversité de vos actions ; alors vous habiterez sur le sol que Yahvé vous a donné, à vous et à vos pères, depuis toujours jusqu’à toujours… Mais vous ne l’avez pas écouté, oracle de Yahvé, en sorte que vous m’avez irrité par les œuvres de vos mains, pour votre malheur. C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot : puisque vous n’avez pas écouté mes paroles, voici que j’envoie chercher toutes les familles du Nord autour de Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon " serviteur " et les amènerai contre ce pays et ses habitants… je les frapperai d’anathème et en ferai un objet de stupeur, une risée, des ruines pour toujours… Tout le pays sera réduit en ruine et en désolation et ces nations seront asservies au roi de Babylone pendant soixante-dix ans.
   Mais quand seront accompli les soixante-dix ans, je visiterai le roi de Babylone et cette nation… à cause de leur crime, ainsi que le pays des Chaldéens, pour en faire une désolation éternelle.
» (Jr 25:3-12).

   Cherchons à mettre en évidence les faits auxquels ce passage fait allusion.
   Principalement, il rapporte la punition que Dieu veut infliger aux juifs, pour n’avoir pas vécu comme « peuple de Dieu ». Nous avons déjà vu que la corruption était telle, comme par exemple sous Manassé, que Jérusalem, la ville « où Dieu avait placé son nom à jamais » (2 Ch 33:7) était devenue un lieu de prostitution et d’idolâtrie. Dieu ne pouvait que la détruire, afin que le peuple fût dans la possibilité de revenir à Lui. Dieu donc se rend auprès de Nabuchodonosor, roi de Babylone, pour qu’il lance son armée contre elle afin que ses habitants soient en condition de recommencer à vivre comme enfants de Dieu, en vue d’une nouvelle Jérusalem.
   Le roi des Chaldéens fait donc la guerre et « il passe au fil de l’épée les jeune guerriers de Juda n’épargnant ni le jeune homme, ni la jeune-fille, ni les vieillards… Dieu les livra tous entre ses mains » (2 Ch 36:17).
   Mais les Juifs furent-ils disposés à retrouver Dieu ? En relisant attentivement les textes, on trouve que Nabuchodonosor ignore tout de ce que, selon eux, Dieu avait dit sur les motivations de la guerre. Quant à lui, il ne l’avait déclarée que pour lui-même, afin de parvenir à la constitution d’un empire. Or le peuple aussi ignorait tout cela. Jérémie avait dû le leur expliquer, quand les gens du nord vinrent attaquer les villes fortifiées de l’État. Jérémie avait dit au peuple que la guerre contre eux ne venait pas directement du roi babylonien mais de Dieu, qui la lui avait ordonnée. L’affirmation du prophète fut considérée comme scandaleuse. Comment était-il possible que Dieu voulut la destruction de son peuple ? Oui, Dieu ne voulait pas la mort des gens, mais la destruction d’une ville voulue par Lui et qui cependant était devenue un lieu profane, voué au culte des idoles. Et puisque cette guerre avait été voulue par Dieu, il fallait, selon le prophète, se rendre à ceux qui l’avaient gagnée.
   La population se révolta contre le prophète, l’accusant d’être un traitre. Elle le dénonça au roi, qui détermina de le tuer. Le prophète fut jeté dans une fosse, comme un homme condamné à mort. Mais il n’aurait pas été facile pour le roi d’en donner l’ordre, car il avait perdu tout pouvoir, étant lui-même dans la nécessité de s’enfuir pour ne pas se rendre à l’occupant. Beaucoup de gens furent pris, d’autres s’enfuirent, tandis que le prophète resta, comme un homme dont la tâche était de convaincre le peuple de se rendre avec lui à l’occupant. Celui-ci le laissa libre, comme un homme qui avait trahi les siens, et favorisé sa venue. Libre donc, mais sous la vigilance et la protection de Godolias, gouverneur de la ville. Mais celui-ci fut tué par des hommes opposés à l’occupation, Jérémie dût lui aussi s’enfuir pour ne pas être tué à son tour.
   On doit se demander si Jérémie, dans le conseil qu’il donna aux Juifs de ne pas s’opposer à Nabuchodonosor et de ne pas s’enfuir mais de céder à son invasion, ne donnait pas un sage conseil politique. Le prophète savait que le peuple de Jérusalem n’avait pas la force de s’opposer à l’invasion perse, en sorte qu’en l’acceptant il aurait pu espérer d’eux un comportement sinon amical, du moins respectueux et libéral. Car même si le règne de Nabuchodonosor n’était pas un empire et donc apte à pouvoir incorporer à l’État un autre État, il était sur le chemin de le devenir, et donc de se comporter vis-à-vis du peuple de Jérusalem dans le cadre de cette perspective. Ce sera le comportement politique qu’adoptera Cyrus à leur égard, leur permettant de reconstituer l’État, mais Nabuchodonosor ne le fera pas. Laissons-le donc et revenons à Jérémie.
   Le prophète exigeait que ses coreligionnaires se comportent vis-à-vis de Dieu comme étant ses enfants alors que Dieu montrait ne plus agir en père, comme il l’avait toujours fait envers eux, les considérant comme ses propres enfants. Mais il ne parvint pas à obtenir d’eux un comportement correspondant. Dès lors, c’est lui qui se comportait ainsi à leur place, comme étant un frère. Et il agit ainsi, même si on le considérait comme un aliéné, en sorte que sa prophétie s’incarnait dans son comportement : il fut le peuple juif, lorsque la ville fut mise à sac ; il fut le peuple qui souffre sa mort comme peuple de Dieu et dans ses droits, et dans ses biens, et dans son honneur. Il subit la mort du peuple pour que les individus ne meurent pas !



août 2012




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