L’homme à la main sèche :
L’interprétation et la traduction des informations en récit par les évangélistes
Nous venons d’analyser le récit de l’homme à la main sèche en vue de retrouver ses sources d’information et la façon dont elles racontent le fait concernant l’homme à la main sèche. Or, on trouve que les faits présentés par
les évangélistes ne se déroulent pas de la même façon, car au lieu d’aboutir à la dénonciation de l’intrigue ourdie pour le mettre à mort,
Jésus finit par un miracle en guérissant l’homme à la main sèche. Cherchons à préciser la narration du fait.
Je dirai d’emblée que, pour
les évangélistes, l’homme à la main sèche est un vrai malade que les
pharisiens présentent à
Jésus afin qu’il le soigne le jour du sabbat, dans le but de l’accuser d’avoir transgressé la loi.
En entrant dans la synagogue,
Jésus y trouve cet homme, que les
pharisiens lui présentent.
Jésus saisit l’occasion pour le guérir, comme pour répondre au défi par le défi. Mais, craignant que l’homme à la main sèche puisse être conditionné par leur intrigue,
il l’appelle pour le mettre au milieu entre lui et le peuple, afin de pouvoir le contrôler. Et
il se tourne vers les
pharisiens pour défendre la légitimité de soigner les malades le jour du sabbat.
Les paroles de
Jésus ont la forme d’une contradiction, qui amène tous les présents à se poser la question de la nécessité de soigner les malades le jour du sabbat : «
Faut-il dans ce jour faire du bien ou du mal, sauver un homme ou le tuer ? » (
Mc 3:4 ;
Lc 6:9).
De nos jours, on constate que les
juifs profitent du sabbat pour aller visiter les malades et leur apporter du secours. On peut penser que cette tradition existait déjà au temps de
Jésus. Mais les malades pauvres, et surtout les contagieux, étaient enfermés dans des lieux isolés, à la périphérie des villes.
Jésus pose le problème comme une question de vie ou de mort. On naît pour vivre, pas pour mourir, et la maladie n’est qu’un chemin vers la mort que tout homme se doit d’arrêter. Si
Dieu a donné naissance au monde et à l’homme dans les six jours de son travail, ce n’est pas pour les anéantir le septième jour !
Dieu n’appelle pas au culte de son repos les morts, mais les vivants.
Jésus n’aurait pas pu défendre son comportement avec plus de force et de conviction.
Mais les
pharisiens ne répondent pas et s’enferment dans un silence méprisant, et dans l’attente de son échec.
Jésus se met en colère, «
affligé par l’endurcissement de leur cœur » (
Mc 3:5), mettant en évidence que la sclérose de leur cœur dépasse celle de la main de l’homme malade. Et trouvant en cela une impulsion majeure pour redonner la santé à cette main,
il se tourne vers la victime qui attend la guérison : «
étends la main ! »,
crie-t-il, «
et il l’étend ! » Mais le cœur de
ses adversaires devient encore plus dur, puisqu’ils se lèvent pour aller chercher les prétoriens pour qu’ils s’emparent de lui.
Voici le récit qui aboutit à faire accomplir par
Jésus un miracle de guérison sur l’homme à la main sèche alors que, selon la source d’information, non seulement
Jésus n’avait pas accompli de miracle, mais
il avait conduit l’homme à la main sèche à avouer qu’il la présentait ainsi par intérêt et non par maladie. Si toutefois,
il opère un miracle, c’est celui de faire échouer le complot que
les pharisiens avaient ourdi contre lui.