ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les récits de la naissance de Jésus





Genèse et méthode d’approche
des récits :

la généalogie de Jésus et son enjeu théologique


Sommaire

GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS
La généalogie de Jésus
- Introduction
- Prédication apostolique
- Recherche du signe
- Perspective historique
- Attente de reconnaissance

LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU

LECTURE DU RÉCIT DE LUC

CONCLUSION



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

L’attente de reconnaissance de l’Église



   L’Église avait-elle vraiment cru que le judaïsme allait reconnaître la venue du Christ, surtout au moment de sa ruine par les romains ? Non, puisqu’elle se trouvait déjà en rupture avec lui. Toutefois, elle l’avait espéré et attendait cette reconnaissance de la part des pauvres et des humbles, de ceux qui avaient toujours gardé un cœur et une imagination d’enfance.
   Nous retrouvons cette espérance de l’Église dans le proto-évangile de Luc, exprimée à la façon d’une projection onirique. Le peuple juif y est représenté par deux personnages, Syméon et Anne, qui, avancés en âge et recevant l’enfant-roi dans leurs bras, ne demandent qu’à mourir : ils n’avaient vécu que pour voir de leurs yeux cet événement de salut.

   Mais tandis que l’Église se berçait de ce rêve, le judaïsme réel et historique, quoique frappé dans ses structures nationales et religieuses par la puissance romaine, n’avait pas pour autant conscience d’être parvenu au seuil du tombeau. Au-delà du rêve de l’Église, d’autres Syméon se rendirent dans les temples, non pour accueillir l’enfant-Jésus, mais pour vérifier dans les archives l’objectivité de la généalogie de Jésus propagée par l’Église. Lucides, aussi cultivés que critiques et exigeants dans leur documentation, ils s’aperçurent que Jésus, non seulement n’était pas fils de David, mais de surcroît était un bâtard !
   Il faut rendre justice aux juifs et reconnaître que leur affirmation n’était pas gratuite et qu’elle se fondait, sinon sur des archives, du moins sur leur absence ainsi que sur la tradition populaire. D’ailleurs, la preuve qu’ils ne mentaient pas est qu’ils n’ont pas été démentis par l’Église, qui a reconnu le fait, même si elle a cherché à l’interpréter d’une façon différente en recourant, comme nous le verrons, à des catégories grecques.
   Mais si on restait dans le cadre du système juif de valeurs, il n’y avait qu’une façon de comprendre une « femme trouvée enceinte », celle d’une trans­gression du code du mariage. La légitimité de naissance était d’autant plus requise que Dieu ne s’unissait pas au peuple par génération, mais par l’acte d’une alliance qui soumettait le mariage à des interdits. Ainsi toute transgression du code du mariage impliquait-elle une rupture de l’alliance. Or le bâtard n’était qu’un enfant né de la transgression d’un interdit ; il pouvait vivre, mais en demeurant en marge de la société, sans qu’on lui reconnaisse une véritable personnalité juridique, il était un homme qu’on aurait dû retrancher du peuple. Sans père, cela signifiait sans le sacré de l’origine, sans nom et donc sans existence dans l’axe généalogique.
   Les rabbins n’en demandaient pas plus pour contester la valeur de la généalogie de Jésus : si Jésus était un bâtard, toute interrogation sur son messianisme était résolue d’avance !



1982




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tj11400 : 27/11/2018