ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



La  création  de  l’homme



Genèse 1: 26-28




Reconstitution du mythe originel



Indices d’une censure



La logique ou l'art de penser, de Nicolle et Arnauld, 1664





Sommaire

Les textes

Analyse du récit
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L’événement

Reconstitution du     mythe originel
Indices de censure
Le texte mythique

Regard critique d’ensemble


u terme de la création du monde, Dieu est rentré en lui-même pour décider de faire l’homme à son image et à sa ressemblance. Le texte distingue donc le « dire » et le « faire », mais aussi la production des choses et celle de l’homme.

   On devrait donc s’attendre dans le texte à la descrip­tion du mode spécial de création propre à l’homme. Ce « faire » diffère de celui de la production du monde, car l’œuvre nouvelle, l’homme, doit être à son image et à sa ressemblance.


Or, dans les trois propositions déjà explicitées précé­demment, l’acte du « faire » de Dieu est exprimé à l’aide du verbe « bara », le même que celui de la créa­tion du monde.

   Sans doute l’homme a-t-il aussi été créé, comme les œuvres du monde. Mais cette créature unique exigeait un mode unique de création. L’homme ne pouvait pas être à l’image de son créateur, sans que celui-ci ne se posât lui-même comme modèle.

   Le texte en souligne bien la différence, car Dieu a fait l’homme au terme de la création du monde, et il y a réfléchi auparavant. Tandis que dans la création du monde « Dieu dit, et les choses sont faites » sans que son être y participe, dans la création de l’homme Dieu a dû mettre de sa personne pour que l’homme devien­ne à son image et à sa ressemblance. Mais le texte omet l’emploi d’un verbe approprié à ce mode de créa­tion. La langue hébraïque serait-elle pauvre à ce point ? Ou bien la différence reposait-elle non dans un acte ex­térieur mais dans l’intention créatrice de Dieu ? Ce­pendant, dans la narration yahviste, Dieu ne crée pas seulement par son dire, puisqu’il « fait » l’homme de la poussière de la terre et lui inspire sa propre haleine. Aussi ne demeure-t-il pas à l’extérieur de son œuvre, mais il la pénètre et la détermine par son esprit.

   Dans le texte élohiste, Dieu « dit » ( amar ) mais son « faire » ( asar-Bara ) est créateur et non son dire, qui s’énonce dans l’intimité de sa pensée. Toutefois, son « faire » n’est pas décrit, omission qui laisse soupçon­ner que le texte, remaniement d’un autre récit, a été censuré au moment de sa formation.


Un autre indice de censure apparaît dans le fait que, après l’énoncé du propos de Dieu de faire l’homme à son image et à sa ressemblance, le texte omet cette dernière expression dans les trois propositions qui en énoncent l’accomplissement. En réalité, Dieu fait l’homme à son image et non à sa ressemblance. Précédemment j’avais fait allusion à cette omission. Rappelons-nous que les mots « image » et « ressem­blance » n’expriment pas la même chose, et les ré­dacteurs du texte élohiste ne pouvaient pas l’ignorer.
   Il est vrai qu’ils affirment dans la première proposi­tion que Dieu se propose de faire l’homme « à son image » et « à sa ressemblance », mais ils en donnent l’intention, ajoutant que l’homme doit « dominer sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail de toute la terre et sur les reptiles qui rampent sur la terre ». Bref, l’homme est à l’image de son créateur et à sa ressemblance ; il possède la maîtrise de ce monde, créé par Dieu. Mais dans la seconde partie du récit, le mot « ressemblance » prenait un sens qui compromettait leur foi en un Dieu unique et transcen­dant.

   Car on aurait pu comprendre que Dieu avait fait l’homme mâle et femelle pour qu’il soit à son image et ressemblance. Dès lors, on aurait été amené à croire que Dieu, lui aussi, était mâle et femelle et qu’il avait fait l’homme à sa ressemblance parce qu’il l’avait en­gendré. L’homme aurait été ainsi à l’image et à la ressemblance de Dieu, parce qu’il était son fils.




Le 10 février 2002




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t412100 : 30/11/2017