ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Quelques notes sur l’herméneutique





La structure anadygmatique du discours


Sommaire

Introduction

Situation actuelle de l’herméneutique biblique

Herméneutique et critique du langage

Structure anadygmatique du discours
- Introduction
- Synthèse conceptuelle
- Synthèse symbolique
- Synthèse historique
- Dialectique du pensant
- Symbole et être



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

La synthèse historique


   Nous passons au troisième moment de la trilogie, au « j’existe ». « J’existe » signifie plus que « je suis », parce qu’il implique la prolongation du « je » dans le temps, ainsi qu’une opposition du « je » au monde, comme objet de référence des formes objectives de la sensation. Complétant la signification verbale du mot « exister » avec celle du mot « ad–esse », je cerne l’existence comme « ex–sister–ad », les deux prépositions « ex » et « ad » désignant l’opposition relationnelle en raison de laquelle l’étant devient existant. C’est dans la catégorie de l’existence que je groupe les problèmes concernant l’histoire.

   Les mémoires, ou souvenirs, sont l’ensemble des faits, au sens d’actes accomplis. Les mémoires sont régressives, et elles se fixent sur la projection rétrospective propre au « ex » en se détachant de l’ouverture prospective du « ad » (les res gestæ).
   L’utopie veut, au contraire, saisir la projection future du « ad » en se coupant du passé. Ainsi coupée, cette projection ne peut être qu’imaginaire.
   Une chronique est une succession de faits qui se disent « actuels », séparés du passé comme du futur. Les faits s’enchaînent dans un ordre déterminé et ne sont pas destinés à devenir histoire, mais documents d’histoire.

   L’histoire est synthèse du passé et du futur, unification du rétrospectif et du perspectif par le « j’existe ». Dans cette synthèse, la préposition « ex » désigne un processus de renversement, car elle interprète le passé qui est limite de régression ainsi que terme de la retombée des faits comme principe d’où (ex) l’étant surgit comme existant. Le tombeau vide est un de ses symboles, ou mieux encore le sort de la semence. Par l’existant on doit renverser aussi le sens de la préposition « ad », car il ne s’agit pas d’une ouverture pour la fuite et la dispersion, d’un futur sans sens, mais d’un futur qui vient, qui s’approche, par la visée de l’existant.

   Y-a-t-il distinction entre histoire et philosophie de de l’histoire ? J’ai réfléchi à ce problème en me fondant sur l’hypothèse de la distinction entre moment phénoménique et moment transcendantal du « j’existe ».
   Par le moment phénoménique, le passé et le futur sont unis dans un présent qui passe, qui est situation et non événement. Il ne s’agit pas, bien sûr, de transcrire l’enchaînement d’événements actuel, mais de saisir dans ces événements la convergence des faits accomplis et des faits à venir. Je place donc l’histoire au niveau de la science.
   Par le moment transcendantal, on opère la synthèse dans le moment, qui n’est pas situation mais dialectique, non ce présent mais le présent du temps, acte qui domine chaque instant en surgissant à nouveau dans chaque instant.

   Je ne cache pas l’immense importance du problème de l’histoire pour l’interprétation des Écritures qui, tout en étant des récits mythiques, se veulent aussi « documents ». Leur importance se révèle à propos de la conception du temps dans l’ancien et le nouveau testaments (linéaire, circulaire ou hélicoïdal ?) et de l’eschatologie. Mes réflexions sur l’histoire et sur la philosophie de l’histoire m’ont aidé à la compréhension de la controverse sur l’eschatologie entre Cullmann et Bultmann, et à mieux cerner aussi la profonde différence entre l’apocalyptisme de l’Apocalypse et des deux premiers synoptiques, l’historicisme de Luc et l’eschatologisme dualiste du quatrième évangile.



1969




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