Sommaire
Introduction
Les généalogies
L’amour chrétien
L’humanité de l’amour
Nécessité d’un modèle érotique
Révolution sexuelle et révolution marxiste
Éros et psychanalyse
Révolution culturelle et agape
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Lorsqu’on étudie les origines des civilisations, on se trouve toujours devant des textes rituels et mythiques qui se rapportent à des généalogies de dieux ou de héros. Quoique fastidieuses et inutiles pour l’histoire, celles-ci sont au contraire des documents très importants pour la culture, puisqu’elles en définissent le sens.
Dans leur schéma elles résultent du croisement de deux lignes dont l’une, verticale, exprime le processus de génération, et l’autre, horizontale, se rapporte à la relation d’amour entre l’homme et la femme. Les deux axes s’imbriquent aussi afin de toujours subordonner la relation d’amour à la génération. Sans doute ne méconnaît-on pas la puissance explosive de l’amour mais, l’ayant soumis à des interdits et à des contraintes, on reconnaît en lui une force dangereuse pour la génération. Sa subordination marque donc l’issue d’un conflit où la génération triomphe de l’éros, dans le but de se poser comme modèle de culture.
L’image d’homme qu’offre ce modèle est tirée de la personnalité du père, qui apparaît aussi bien au commencement qu’à chaque jonction du processus de génération.
Quant à l’amour, il apparaît dominé par l’interdit de l’inceste (1) qui lui défend de s’exercer dans le champ immédiat de la génération. La raison de cette défense est inhérente à la structure du modèle. En effet, si l’amour demeurait libre, la subordination entre les deux axes serait rompue, puisque les actants de la verticalité viendraient à être transposés sur la ligne horizontale. Ainsi l’amour n’est-il légitime que dans le cadre d’une fonction génétique, asservi au pouvoir du père. Il n’y a d’autre idéal pour les hommes que la personnalité du père, celui qu’offre l’ éros ne peut apparaître que comme au-dessus ou au-dessous de l’humain.
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(1) À mon avis, l’interdit de l’inceste n’est pas un absolu psychique, puisqu’il découle du modèle génétique de culture : il n’est contraignant que dans un psychisme conditionné par ce modèle, quoique structurel son impératif demeure historique. Cette thèse se rapproche de celle de W. Reich L’irruption de la morale sexuelle, Payot, Paris, 1972, ch. VI. 
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