Liberté et contrainte sexuelle :

   Une révolution culturelle qui chercherait à restructurer le psychique par la libération de l’éros se heurte aux présupposés de la psychanalyse, dont le point de départ est le complexe d’Œdipe, dominé par l’interdit de l’inceste. L’éros, réprimé par l’exigence de la réalité, est une « libido », un instinct en situation de refoulement. Il peut bien éluder la contrainte par le jeu du symbolisme, mais il ne pourra pas échapper à son emprise sans compromettre l’équilibre psychique.
   Il convient de se demander si le schéma psychanalytique traduit l’état fondamental et universel du psychisme, ou s’il n’est que l’expression d’un modèle culturel. Derrière Reich et Marcuse (1), mais surtout par la conviction que me donne mon orientation historiciste, je pense que ce fond de refoulement, quoiqu’universel en fait, ne l’est pas en droit car il découle du modèle génétique. L’action psychanalytique se montre libératrice pour autant que le psychique demeure dans ce modèle. Il est possible de penser qu’on peut aller au-delà de la visée psychanalytique si, transgressant l’interdit de l’inceste, on atteint l’inconscient au niveau de la création de ses propres modèles culturels. L’action psychanalytique s’arrête au niveau de la thérapie car elle ne s’inscrit pas dans un processus de révolution et de création.



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(1) Quant à W. Reich, voir la première partie de La révolution sexuelle. Pour Marcuse, Éros et civilisation, Éd. De Minuit, 1963, surtout la deuxième partie.