ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Deuxième partie : |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie - Dieu et la vierge - La fortunée et la graciée - Le souffle et l’esprit . Le souffle de Zeus . L’Esprit de Yahvé - Les persécutions - Les naissances - Les vierges - Épaphos et Jésus - Prométhée et Siméon Conclusion théologique . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Le souffle de ZeusChassée par son père, Io se lance vers la prairie indiquée par Hermès. Elle est attirée par le désir de Zeus, car son propre désir serait d’éviter la rencontre. Quand rencontrera-t-elle le Dieu ? Comment celui-ci se présentera-t-il ? Quelle sera sa fin ? Elle pense à toutes ces choses, tandis qu’elle est transformée en génisse (Prom. 673 ; Suppl. 565). Ce sera sous l’apparence d’une vache qu’elle s’unira au Dieu, caché, quant à lui, sous la forme d’un taureau. On pourrait croire, tout d’abord, que la « vouée au Dieu » devient génisse en punition de sa répugnance au mariage et de son opposition au désir de Zeus. Mais, bien qu’Eschyle reconnaisse sans doute une démesure dans son héroïne (Prom. 512-601), il ne considère pas cela comme la raison de sa métamorphose. On a cherché aussi à attribuer cette transformation en génisse à la jalousie d’Héra, qui voudrait ainsi soustraire Io à Zeus ; on l’a également attribuée à la passion de Zeus, qui aurait ainsi caché Io à Héra. Nous croyons qu’il faut chercher la solution du problème dans une signification plus profonde et plus religieuse. La génisse et le taureau sont des symboles par lesquels le mythe exprime la valeur sacrée de l’union de Zeus avec Io : il ne s’agit pas de l’union d’une femme quelconque avec un homme, mais du mariage d’une vierge vouée aux dieux avec Dieu lui-même. Si elle avait été présentée comme une jeune-fille, on aurait pu profaner ce mariage, tandis que transformée en génisse, tout le monde peut s’apercevoir du caractère religieux de sa grossesse et de son accouchement. Zeus, lui aussi, s’unit à la vierge sous la forme d’un taureau afin que personne ne considère son union à la mesure des accouplements humains. Le Dieu et la femme prennent le masque du symbole pour transformer leur union en un mystère sacré. Cette métamorphose ne doit pas étonner, de même que personne ne s’étonne des symboles prophétiques qui utilisent des formes animales. À cette explication religieuse, il faut aussi ajouter une raison morale, le désir de soustraire cet accouplement à la censure des lois divines et humaines. Car l’union des dieux avec des femmes brisait cette loi de séparation entre le divin et l’humain contre laquelle Prométhée s’était prononcé et avait agi. En cachant les conjoints sous la forme d’animaux, le mythe met l’union en dehors de toute censure légale. Zeus rencontre la génisse sur la prairie de Lerne, lieu sacré. L’expression par laquelle le poète fait allusion à l’union est la suivante : « Teais epipnoiais » (Suppl. 576), c’est-à-dire par l’haleine divine. C’est déjà beaucoup pour dévoiler ce qui se passe : leur accouplement est présenté comme à travers un rideau de soie. Zeus est étendu sur Io comme un amoureux et exhale sur sa bouche le souffle de son haleine ; Io, elle, ne peut faire autre chose que recevoir ce souffle, cependant que le Dieu dépose en son sein le don divin. L’union de Dieu et d’Io, bien que sacrée, reste toujours physique et sexuelle. Il aurait été impossible, d’ailleurs, de concevoir une union fécondatrice non sexuelle, car elle aurait dépassé la nature de Dieu. Les dieux, comme nous l’avons souvent remarqué, sont en effet des êtres sensibles qui, bien qu’immortels, mangent comme les hommes et jouissent du même plaisir. Ce qui les distingue des hommes n’est pas la nature mais l’immortalité. Charnelle et sexuelle, cette union est cependant marquée par la puissance et l’efficacité divines. Zeus s’approche de la jeune-fille par son souffle créateur, il est là pour combler définitivement l’abîme qui sépare le divin de l’humain. La prétention de l’homme à devenir comme les dieux, la folie de Prométhée de rendre les hommes immortels, ont trouvé écho dans le cœur de Zeus, vaincu intérieurement par Éros. |
![]() ![]() ![]() ![]() t920310 : 23/10/2018 |