Prométhée et Jésus :
d’Eschyle aux évangiles

   Les deux récits ne nous donnent pas une description de la rencontre de Dieu et de la vierge. Nous restons profondément touchés de la délicatesse avec laquelle Eschyle et Luc parlent de ce sujet. Ce sera à Ovide de profaner ce sentiment religieux pour transformer le mythe en roman d’amour, de même que le Talmud prendra soin de relater la conception de Marie comme un scandale. Les deux auteurs primitifs, au contraire, préfèrent le silence car une explication détaillée amènerait la profanation de la « parole » qu’ils ont reçue, et ils touchent au fait mystérieux comme à une fleur dont ils craignent de perdre le parfum.

   Nous avons laissé les deux vierges dans leur attente, l’une craintive, l’autre joyeuse, mais toutes deux pleines de souffrance. Le seigneur doit s’approcher d’elles ; cette union dépasse leur imagination et les porte hors de la dimension humaine.