ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Deuxième partie : |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie - Dieu et la vierge - La fortunée et la graciée - Le souffle et l’esprit . Le souffle de Zeus . L’Esprit de Yahvé - Les persécutions - Les naissances - Les vierges - Épaphos et Jésus - Prométhée et Siméon Conclusion théologique . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Le souffle de YahvéPour exprimer l’union entre Dieu et Marie, Luc n’a pas besoin de recourir à des symboles, car la dimension du sacré est donnée par la présence même de Dieu. Dieu étant saint, tout lieu où il apparaît, toute chose ou personne saisies par sa présence sont saintes et sacrées. Les dieux du mythe, par contre, ne sont pas saints par eux-mêmes, mais ils le deviennent lorsqu’ils sont objet de culte. Le symbole, nécessaire pour le mythe, est donc inutile pour l’évangile et l’on ne peut pas regarder l’intervention de Dieu en Marie sans « ôter ses souliers ». Un transfert était tout de même nécessaire, car la grossesse de Marie ne pouvait pas être comprise par les hommes. Le récit évangélique cache alors l’union de Dieu et de Marie sous le fait du mariage avec Joseph, mariage qui joue le même rôle que le symbole de la génisse dans le mythe : grâce à cette substitution des personnes, la grossesse de Marie échappe à la censure de la loi. C’est dans cette perspective que l’on doit comprendre la réponse de l’ange à Marie, au sujet de sa conception, réponse que nous nous proposons d’analyser : « Un saint esprit viendra sur toi et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint qui naîtra sera appelé fils de Dieu » (Lc 1:35). Ces paroles nous révèlent comment Dieu féconde Marie. Dieu étant saint, son action sera un processus de sainteté. Dieu agit par un souffle, ou « esprit ». De propos délibéré, Luc omet l’article pour exprimer qu’il ne s’agit pas du Saint Esprit en tant que personne, mais d’un souffle de vie qui trouve son correspondant biblique dans celui que Dieu a insufflé en Adam. Le souffle vient sur Marie. On doit remarquer le double « epi », une fois comme préposition du verbe, l’autre fois comme adverbe, par lequel Luc semble vouloir souligner que le souffle vient sur Marie, au sens qu’elle le reçoit de Dieu. D’autre part, le fait que l’évangéliste emploie l’accusatif « epi se » et non le datif « epi soi » marque que le souffle ne s’adresse pas à Marie pour rester en elle et devenir sa propre âme, mais pour donner vie à son enfant. Cette remarque est pleine de conséquences, surtout en ce qui concerne Marie car la jeune épouse, bien qu’objet du souffle de Dieu, reste absolument en dehors de la divinité et de la sainteté. L’Esprit Saint ne la touche qu’en vue de l’enfant qu’elle doit enfanter, il passe sur Marie pour devenir âme de l’enfant. C’est dans ce sens que le récit de Luc peut être approfondi par celui de la Genèse, et vice versa : de même que le souffle de Dieu sur « Adam » (l’homme encore terre) a créé un être vivant – l’homme-personne –, de même l’Esprit Saint de Dieu, sur Marie – lieu et matière de fécondation – a créé le « saint » Jésus, en tant que fils de Dieu. Si l’Esprit Saint descend pour l’enfant, l’ombre de la puissance divine s’étend sur Marie pour Marie. Le datif « episkisei soi » traduit l’aboutissement de cette ombre sur elle, aussitôt qu’elle aura conçu l’enfant. Cette ombre restera sur elle parce que Dieu est avec elle. L’expression biblique « pneuma epileusetai epi se » se rapproche d’une façon étonnante de celle du récit d’Eschyle « epinoiais théoiais ». Il est cependant impossible de découvrir dans l’évangile une union physique, comme nous l’avons fait dans le mythe. Tout d’abord, la personne de Dieu est absente au moment où le souffle descend sur Marie. À Marie, Dieu ne se présente pas en la personne de l’Esprit (to pneuma), mais au moyen de son souffle (pneuma). La caractéristique de cette union est donc l’absence d’époux et de tout embrassement sexuel. Io, il est vrai, ne peut pas connaître le visage de Zeus, qui se cache sous le symbole du sacré, mais elle sent que Zeus est son époux, devenu objet de son propre plaisir. Marie, par contre, ne sent pas Dieu, car tout en agissant celui-ci reste plus caché que jamais. C’est dans le fils et non en Marie que Dieu se révèle, c’est par Jésus et non par Marie qu’il se fera connaître aux hommes. Par la spiritualité de son union, Marie dépasse en grandeur sa jumelle mythique. Par son consentement, Dieu accomplit en elle son amour pour l’homme et réalise sa paternité. Ce Dieu qui avait puni les hommes par le déluge parce que « les fils de Dieu » s’étaient mariés avec les filles des hommes, c’est le même qui s’unit à Marie pour engendrer le fils de Dieu, qui sera en même temps « fils de l’homme ». Marie est le terrain, elle est la dimension de cette œuvre de Dieu. |
![]() ![]() ![]() ![]() t920320 : 23/10/2018 |