ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Deuxième partie : |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie - Dieu et la vierge - La fortunée et la graciée - Le souffle et l’esprit - Les persécutions . La persécution d’Io . La persécution de Marie - Les naissances - Les vierges - Épaphos et Jésus - Prométhée et Siméon Conclusion théologique . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Argos, puis le taonParce qu’elle est la femme de Zeus, Héra est l’expression des lois divines sur le mariage et sur la génération. L’exploit de Zeus a profondément choqué sa femme : le mythe parle de la jalousie de la déesse pour exprimer la revendication des lois divines transgressées par la fécondation d’Io. Héra ne s’oppose pas à Zeus parce qu’il veut avoir sur la terre des peuples à lui, mais parce qu’il se procure ces peuples en-dehors de l’hymen divin. Elle ne peut pas permettre qu’une femme s’approche du roi des cieux et que le Dieu s’abaisse à la condition des mortels. Elle ne peut pas accepter un fils de Dieu qui ne soit pas né de son sein. Des interprètes du mythe s’amusent beaucoup au sujet de la jalousie d’Héra, sans en pénétrer le sens profond : la « jalousie de femme » dont parle Eschyle, c’est la réaction de la vieille loi de la séparation entre les dieux et les hommes, loi qui règne encore chez les dieux, excepté pour Zeus. Celui-ci évolue continuellement vers la justice et l’amour, tandis que les dieux, relégués à la condition de ministres, ont beaucoup de peine à comprendre et à suivre l’évolution de leur maître. Héra, ne pouvant affronter Zeus, persécute Io dans l’intention d’empêcher la naissance de l’enfant. Io est tenue prisonnière sous la garde d’Argos, condamnée à une double peine : elle devra vivre jusqu’à sa mort sous forme de génisse, renfermée dans une chair qui n’est pas la sienne ; alors que sa fécondation lui permet d’aspirer à la divinité, elle est condamnée à vivre comme une bête. Celle qui a osé s’unir avec Zeus sur la prairie sacrée est condamnée à se repaître de l’herbe qui a été témoin de ses amours. Transformée en génisse pour cacher le mystère, elle reste génisse pour expier la démesure qui a violé les lois divines. Argos doit aussi veiller à ce qu’Io n’enfante pas le fils qui se forme dans son sein (Prom. 677). Il a probablement l’ordre de le tuer si, par la puissance de Dieu, Io accouche. Cette punition pénètre profondément dans le cœur maternel d’Io. Elle est affligée jusqu’aux larmes, mais elle a horreur de pleurer, car ses lamentations sortent de sa bouche comme des meuglements ; sa souffrance, de même que son enfant, reste cachée aux yeux des mortels. Pour la délivrer de cet état pénible, Zeus envoie de nouveau son messager, qui tue Argos. C’est alors qu’Héra lance contre la génisse un taon qui, par ses piqures, la contraint à fuir. Le taon est l’image de la persécution et, en même temps, des remords de la conscience. Sous la morsure de l’infatigable bête, la génisse devient folle. Elle passe de l’Europe à l’Asie en traversant le Bosphore, elle va en Phrygie, en Mysie, Lydie et Cilicie, en Pamphylie et en Phénicie, la terre d’Aphrodite, toujours piquée, toujours en marche, car Héra ne lui permet aucun repos afin qu’elle n’enfante pas le fils conçu par Zeus. La persécution d’Héra est bien plus forte qu’une jalousie de femme : non seulement elle éprouve du mépris pour la jeune-fille qui a osé prétendre être l’épouse de Zeus, mais elle est aussi saisie de haine contre l’enfant, menace perpétuelle contre les lois du ciel. Et combien de dangers dans ces pérégrinations ! Io doit se garder des peuples sauvages, de la soif de sang des Gorgones, de la rage des chiennes de Zeus. Son enfant est destiné à être dévoré si elle l’enfante, ou à mourir si elle cherche encore à le garder dans son sein. Les pérégrinations d’Io (Prom. 700 ; Suppl. 547) sont des présages pour la future génération. Dans l’Antiquité, les rêves des femmes enceintes étaient les signes prémonitoires du rôle et de la mission de leur futur enfant. Par ces voyages, Io trace une ligne circulaire qui passe d’Argos au delta du Nil, et de celui-ci de nouveau à Argos. C’est la piste que les Argiens, en quête d’espace vital, fouleront en marchant de la Grèce aux embouchures du Nil, et du Nil de nouveau en Grèce. C’est le rayonnement de la civilisation et de la culture qui se répand depuis la Grèce autour de la Méditerranée. Dans la fuite d’Io, les devins pouvaient lire, comme dans le vol d’un oiseau, les rapports futurs des peuples grec et égyptien. Le mythe confère la même origine humaine et divine aux deux peuples et reconnaît dans la souffrance d’Io la souffrance et la lutte de sa descendance pour parvenir à l’unité de culture et de civilisation. |
![]() ![]() ![]() ![]() t920410 : 23/10/2018 |