ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisProméthée et Jésus : |
Deuxième partie : |
Sommaire Introduction Dieu, le Sauveur et la mort Le mythe d’Io et l’évangile de Marie - Dieu et la vierge - La fortunée et la graciée - Le souffle et l’esprit - Les persécutions - Les naissances - Les vierges - Épaphos et Jésus - Prométhée et Siméon . Le temps présent . Le temps du salut Conclusion théologique . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Le temps du salutNous remarquons dans l’évangile le même souci de donner à l’œuvre du salut la dimension du temps réel et historique. Le temps où se développent les événements de l’ancienne alliance n’est pas historique, mais prophétique. Certes, à côté de ses paraboles, de ses prophéties et de ses mythes, la Bible nous relate aussi des faits historique, toutefois le salut ne s’accomplit pas par ces faits : un événement succède à l’autre, constituant un passé qui ne trouve jamais sa signification dans son présent. Au moment où l’événement s’accomplit dans l’histoire, il n’aboutit pas au salut, le présent du salut lui échappe, car il est continuellement transporté dans le futur. Le passé, au lieu de mourir dans le présent pour y renaître, disparaît pour offrir son âme au futur. Les personnages de la Bible qui meurent pour descendre dans le lieu des pères sont bien l’image de ce temps prophétique. Ils ne ressuscitent pas parce qu’ils ne vivent plus, ils ne sont pas complètement morts, car ils sont dans un lieu d’attente et de promesse. Leur présent est un tombeau, bien que, dans un certain sens, ils continuent à vivre dans le futur, car la Bible parle encore d’eux par rapport aux événements futurs du messianisme. La Bible possède un temps semblable à celui du mythe : c’est une dimension de valeur, c’est un temps où le passé s’unit au futur sans passer par le présent, qui le renouvelle et le ressuscite. Siméon est un personnage que Luc fait apparaître sur la scène de l’évangile précisément pour exprimer le temps prophétique de la Bible (Lc 2:25-35). Nous ne savons pas en effet qui était cet homme : aucune génération ne le rattache à une des familles du peuple, aucun rôle religieux ne justifie sa présence dans le Temple, et il n’est apparenté ni à Marie ni à Joseph. Nous le trouvons au Temple non parce qu’une fonction l’y appelle, mais parce que le Saint Esprit l’y pousse. Il est donc un personnage prophétique. Sa vieillesse le rend semblable à un patriarche ou à un prophète, bien qu’il n’ait pas un caractère qui lui soit propre. Si nous cherchons à connaître sa personnalité, elle nous échappe : il est l’homme de l’attente, il n’est pas lui-même mais l’image du peuple juif tout entier, l’expression de ce temps qui, n’étant pas encore achevé dans le futur, ne constitue pas une vraie histoire. D’ailleurs, tout en connaissant le passé et en prophétisant le futur, Siméon ne connaît pas le présent. En lui le passé se rattache au futur sans se réaliser dans l’événement du présent. Il ne vit pas, il n’agit pas, il ne meurt même pas, car il doit attendre que le présent vienne. Sur la même scène, Marie apparaît avec son enfant pour exprimer ce présent que Siméon ignore. La jeune mère est, comme Io, l’image du présent détaché du passé et du futur. Seule dans sa conception, seule dans son accouchement, elle se sépare de toute l’histoire du peuple, de ce peuple qui lui a refusé une chambre, un berceau, la reconnaissance humaine et légale de sa maternité. Elle ne connaît pas non plus le futur car, bien qu’éclairée par l’ange, elle ne l’a pas véritablement compris. Toute sa vie est concentrée dans l’enfant qui s’attache à ses seins, dans la parole de l’ange qui, obscure pour ce qui est du futur, devient lumineuse en Jésus. La rencontre de Marie et de Siméon représente le moment de l’insertion du présent du salut dans le temps prophétique. Au moment où Siméon reçoit l’enfant divin dans ses bras, l’événement du salut est dans le passé et le futur du temps prophétique, et un nouveau temps naît, celui de l’histoire du salut, temps réel et historique, temps des faits vivifiés par les valeurs bibliques. Siméon a vu le salut. Son attente n’a plus de raison d’être, l’espérance est accomplie par l’événement qui est Jésus-Christ. C’est alors que Siméon chante l’hymne de sa mort, conjointement au cantique d’action de grâces. Au moment où Jésus apparaît, Siméon doit mourir, car l’Alliance doit disparaître, pour céder la place au nouveau temps, où le présent est l’aboutissement du passé en même temps que commencement et raison du futur. En offrant son premier né au temple, Marie présente au monde le nouvel homme, qui devient le centre de toute l’histoire, et la réalité de toute espérance. |
![]() ![]() ![]() ![]() t920820 : 09/02/2021 |