uel temple ?
À travers les péripéties de l’histoire d’Israël, le temple de Jérusalem a toujours symbolisé la présente secrète de Dieu au sein de son peuple, ainsi que le culte pascal, mémoire sans cesse actualisée de la grande libération de l’Égypte.
Ce lieu de liberté et de fierté nationale ombrageuse et intransigeante, que les Romains ni leur monnaie à l’effigie de César n’avaient le droit de souiller par leur présence, était devenu au temps de Jésus un lieu de trafic et de commerce pour les sacrifices.
Fouet de cordes en main, Jésus avait chassé tous les vendeurs du temple, ainsi que les brebis et les bœufs, dispersant la monnaie des changeurs et renversant leurs tables de change avec une extraordinaire autorité.
La « pureté » du temple de Jérusalem et celle des croyants d’Israël n’avaient désormais rien à envier à l’« impureté » des « goïm » : le sacrifice ne vivait plus que de trafic, et le culte de la bonne conscience religieuse des croyants israélites.
« Détruisez ce temple. En trois jours, je le relèverai ». Mais quel autre « temple » ?
Jésus n’était pas une apparence d’homme cachant un dieu. Né de la commune humanité, il ne détenait aucune puissance surnaturelle. Son autorité était vulnérable, contestable : privée de la puissance de l’« institution » lourde de sa tradition, de ses pierres et des fastes de son culte.
Il n’offrait que l’ambiguité d’une parole. « Il parlait du temple de son corps ». Quel scandale pour les croyants israélites ! Dieu, présent dans ce bâtard de aNazareth ! Pourtant, c’en était fini de la « séparation » entre Israël et les nations... Pas de « purification » sans vie donnée à autrui.
Jésus de Nazareth, homme pour les autres, était un « corps détruit » pour éveiller en chacun la dynamique de la vie et de l’amour. Le « temple de Dieu » réside à jamais dans le monde, comme le grain de blé doit mourir pour porter du fruit.
Jn 2: 19-21