ne lettre est toujours un événement, une « nouvelle » bonne ou mauvaise. Notre cœur bat alors un peu plus fort quand nous tenons en mains cette petite ou grande feuille de papier, dès que nous avons reconnu l’écriture, ou s’il arrive que nous soyons intrigués par elle. Et quelle inquiétude quand nos intimes ou nos amis gardent le silence !
   Une lettre est quelque chose de la présence de l’absent. Il nous arrive d’entendre à travers les mots écrits l’intonation même de celui ou de celle de qui nous tenons le message.

« Vous êtes manifestement une lettre de Christ », écrivait l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe. La bonne nouvelle de l’ami parti révèle sa présence à ceux et par ceux qui savent y reconnaître sa parole. Derrière la lettre se profile la présence de l’absent.
   Ainsi, notre vie engagée dans les combats du monde désignera à nos interlocuteurs la parole de l’ab­sent dans un langage accessible à notre siècle. La parole des chrétiens ne doit pas être de la « graine de perroquet » qui rabache sans cesse les mêmes insipi­dités ou les « langues de bois » théologiques ou reli­gieuses. Comme la lettre d’amour du fiancé à sa promise, elle sera lue et reconnue par tous les hom­mes comme une permanente surprise.

2 Co 3:3