ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Parole  d’utopie




9- À l’œuvre dans le monde



Dieu et César






Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691





   Présentation

   L’alliance de création   

   Alliance perpétuelle

   Mort de la religion

   Le Christ athée

   Résurrection

   Reniement et foi

   L’alternative

   De la solitude à la
   rencontre


   À l’œuvre dans le
   monde

      En pleine eau
      Dieu et César

   Lettres du Christ


Lc 20:21-25


es gens feignaient d’être « justes ». Les pharisiens, les « purs » opposés à l’occupant romain, et les héro­diens opportunistes recherchant les bonnes grâces des Romains, s’unirent pour ruser avec Jésus. Allait-il ré­pondre « oui » ou « non » ? Est-il permis ou non de payer le tribut à César ?
   Répondre « oui », signifiait la collaboration maudi­te avec Rome et la perte de son crédit auprès du peu­ple juif. Dire « non » appelait à la révolte populaire contre l’empereur et l’occupation de la Palestine. Collabo­rateur ou révolutionnaire, telles étaient les deux voies pour compromettre Jésus politiquement.

« Montre-moi un denier. De qui porte-t-il l’ef­fi­gie ? » Ainsi, à son tour, Jésus contraignait ses hypo­crites in­terlocuteurs à prononcer le nom maudit de « César », et à avouer ainsi leur complicité avec l’« économie » qu’ils feignaient de mépriser. Jésus, collaborateur ou révolutionnaire ? Mais eux-mêmes, qui servaient-ils en réalité ? « Dieu » ou « Ma­mon » ? Leur « pureté » ne leur servait-elle pas de paravent religieux, derrière lequel ils embus­quaient leur amour de l’argent ?

« Rendez à César ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui est à lui ». La « politique » est-elle un domaine in­terdit ? Jésus constatait la « réalité » de « César », c’est-à-dire de l’État, au sein duquel les chrétiens ont à assumer leur part de responsabilité. À Pilate qui lui rappelait le « pouvoir » qu’il détenait de Rome, Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en-haut ».
       Rendre à César ce qui lui revient, c’est reconnaître à l’État sa tâche de maintenir l’ordre du monde par la justice et dans la paix. Rendre à Dieu ce qui lui appartient, c’est affirmer la limite de l’autorité et du pouvoir de l’État. S’il vient à violer la justice et à compromettre la paix, le souci de l’ordre du monde impose de lui refuser l’obéissance.

   Mais il ne faut pas, non plus, confondre le « poli­tique » et le « spirituel ». Il ne faut ni rendre à César ce qui est à Dieu (ce qui est la tentation des dic­ta­tures et la confiance inconditionnelle à l’État et à ses autori­tés qui parfois invoquent Dieu à l’appui de ses aventu­res ; sur combien de conquêtes coloniales n’a-t-on pas appelé la « bénédiction divine », et lorsque la bombe atomique fut larguée sur Hiroshima, les aviateurs américains n’ont-ils pas invoqué le « Dieu de Jésus-Christ » ?), ni rendre à Dieu ce qui est à César (Ne dit-on pas souvent qu’il y aura toujours des pauvres sur la terre ? ou qu’il y aura toujours des injustices ou des guerres ? Alors, la religion et la foi justifient le désordre établi en prêchant la « charité », différant la « justice » dans un futur intemporel et sacré, le « ciel », le « paradis » ou le « royaume de Dieu »).

   Or, « Dieu » n’existe que dans la vie de l’homme de Nazareth qui a payé le « tribut à César », les mains salies dans l’ambiguïté de l’humanité. Et l’État et le monde « athée » ne sont pas nécessai­re­ment la « bête de l’apocalypse ».



Lc 20:21-25



19 avril 1964




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tc160920 07/01/2018