ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ernest-Émile
Lopez-Sanson de Longval



L’image au Moyen-Âge,
d’après les fresques
de Saint-Pierre de Rouilhac

(XIIème siècle)








Le Bâtiment


Introduction


Les contextes


Le bâtiment

- L'omphalos primitif
- Le bâtiment roman
- Le vandalisme

Les fresques


Conclusion


Bibliographie



. . . . . . - o 0 o - . . . . . .

L’omphalos primitif



    À Rouilhac, à l’extérieur du bâtiment actuel où se trouvent les fresques objet de l’étude, on peut noter l’existence d’un cercle qui l’entourait, le bâtiment marquant par conséquent un centre. Aujourd’hui encore, la rue goudronnée reste, en partie, circulaire.

    Sans avoir besoin de recourir à la fouille archéo­logique, nous pouvons déjà dire qu’on est en présence d’un lieu jadis consacré à un culte archaïque, et que l’église a été construite au-dessus d’un « centre » primitif.

    Les conceptions métaphysiques du monde archaïque n’ont pas été toujours formulées dans un langage théorique, mais le symbole et le rite expriment, sur des plans différents et avec les moyens qui leur sont propres, un système complet d’affirmations cohérentes sur la réalité ultime des choses, système qu’on peut considérer comme constituant une métaphysique.

    Il est essentiel, pourtant, de comprendre le sens profond de tous ces symboles, mythes et rites pour réussir à le traduire dans notre langage usuel.
    Si on se donne la peine de pénétrer la signification authentique d’un mythe ou d’un symbole archaïque, on est obligé de constater que cette signification révèle sa prise de conscience d’une certaine situation dans le Cosmos et qu’elle implique, par conséquent, une posi­tion métaphysique.

    Dans la pensée de l’homme archaïque, les actes humains proprement dits, les objets du monde extérieur, n’ont pas de valeur intrinsèque autonome : un objet ou une action acquièrent une valeur et deviennent réels parce qu’ils participent à une réalité qui les transcende.
    Parmi tant d’autres pierres, une pierre devient sacrée (par conséquent saturée d’être) parce qu’elle constitue une hiérophanie.
    L’objet apparaît comme le réceptacle d’une force extérieure qui le différencie de son milieu et lui confère sens et valeur : elle est ce que n’est pas l’homme. Elle résiste au temps, sa réalité se double de pérennité.
    Dans le détail de son comportement conscient le primitif, l’homme archaïque, ne connaît pas d’acte qui n’ait été posé ou vécu antérieurement par un autre, un autre qui n’était pas un homme. Ce qu’il fait a déjà été fait. Sa vie est la répétition ininterrompue de gestes inaugurés par d’autres.
    Cette répétition consciente de gestes paradigmatiques déterminés trahit une ontologie originale.
    Il faut bien comprendre ce mécanisme, pour pouvoir approcher par la suite le problème de l’histoire dans l’horizon de la spiritualité archaïque.
    Pour l’homme archaïque, la réalité est fonction de l’imitation d’un archétype céleste.
    La réalité est conférée par la participation au symbolisme du centre : les villes, les temples, les mai­sons deviennent réels par le fait d’être assimilés au centre du monde.
    L’acte de la création réalise le passage du non-manifesté au manifesté, ou du chaos au cosmos. On construit dans le centre même, la zone du sacré par excellence, celle de la réalité absolue.

    C’est l’omphalos.

    Le centre est donc la zone du sacré par excellence, celle de la réalité absolue.
    Pareillement, tous les symboles de la réalité absolue (arbre de vie, arbre de l’immortalité, fontaine de jou­vence, etc.), se trouvent en un centre.
    La route menant au centre est une « route difficile » et cela se vérifie à tous les niveaux du réel : circon­volutions difficultueuses d’un temple, pèlerinage aux lieux saints, pérégrinations pleines de dangers, égare­ments dans le labyrinthe, difficultés de celui qui cherche le chemin vers soi, vers le « centre de son être ».


    Notre omphalos de Rouilhac est une fontaine de jouvence, autrement dit une « source de guérison » déjà objet de pèlerinage et de vénération bien avant le 6ème siècle, date où elle a été mise sous l’invocation de Saint Julien de Brioude (les reliques de Saint Julien, évêque de Gènes vers le IIIème siècle, martyr selon la Légende Dorée de Jacques de Voragine, furent déposées à Tou­louse sous Grégoire de Toulouse).


    Le Lot est bien connu par ses sources, dues à ce que le Département est situé au-dessus d’une structure calcaire de l’ère secondaire nommée « Quercy Blanc » et percé par des cours d’eau souterrains. Déjà Jules César dans sa Guerre des Gaules parlait de la source « Divona Cadurcorum » en face de Cahors.


    Notre omphalos ou « source de guérison » était réputé soigner les maux de tête.

    Quand, au début du XXème siècle, on a construit la canalisation des eaux pour l’alimentation publique de Montcuq, le laboratoire du Comité Consultatif d’Hy­giène Publique a procédé à l’étude chimique et bactério­logique de la Source de Saint Julien.
    D’après les Résultats 2015 publiés le 8 mars 1 901 par le chimiste G. Pouchet, elle contenait 450 moisissures et 1 362 germes par centimètre cube.
    Une eau peu recommandable pour se soigner, donc, ce qui n’a pas empêché les pèlerinages jusqu’à la première décennie du siècle dernier.




Rédigé en mars 2005




Retour à l’accueil Le catharisme Haut de page Le bâtiment roman    Impression

te013100 : 03/01/2018