Sommaire
Avant-propos
Le problème et ses antinomies
- Le baptême d’eau
- Le baptême en Esprit
- Le baptême au nom de Jésus
- Les antinomies
- Solution catholique
- Solution réformée
- Critique des solutions
Solution selon la théologie de la foi
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Le baptême en Esprit
Suivant la prophétie de Jean, l’œuvre du Christ peut être considérée comme un baptême en Esprit pour la rémission des péchés.
Le premier fait de l’évangile qui développe le thème posé par Jean-Baptiste est la descente de l’Esprit Saint sur Jésus sous la forme d’une colombe, immédiatement après qu’il ait reçu le baptême de Jean (Mt 3:13-17 ; Mc 1:9-11 ; Lc 3:21-22 ; Jn 1:21-34).
Les évangiles distinguent nettement ces deux faits, en ce que l’Esprit ne descend pas pendant le baptême mais après, non pas sur l’eau mais sur Jésus. Cette distinction porte à repérer dans la descente de l’Esprit le premier « baptême en Esprit ». Celui qui devra baptiser avec Esprit et feu est lui-même baptisé par Dieu : le premier né des morts et des ressuscités (Col 1:18) est avant tout premier-né des baptisés en Esprit. Mais quand ce premier-né des baptisés a-t-il lui-même baptisé en feu et en Esprit ?
On ne peut pas considérer comme baptême en Esprit celui que Jésus – d’après le témoignage du quatrième évangile (Jn 3:22 ; 4:2) – aurait administré par l’intermédiaire de ses disciples, car ce baptême semble avoir la même valeur que celui de Jean. La vie en public de Jésus est une annonce du Royaume, de la même manière que la prédication de Jean. Il ne dit pas à la foule « voici le Royaume de Dieu », mais il prêche, comme Jean-Baptiste, « le royaume des cieux est proche » (Mt 4:17). Le Christ, avant de monter sur la croix, est précurseur de lui-même en continuant la voie tracée par Jean : en ce moment, il ne joue pas le rôle de Messie.
De même, on ne peut pas considérer comme baptême en Esprit toutes les fois où Jésus a remis les péchés, car cette rémission n’était que le signe démonstratif d’une pouvoir que Jésus exercerait dans le Royaume (Lc 17:47 ; Mt 9:2).
Comme baptême en Esprit, seule se présente la descente du Saint Esprit à la Pentecôte (Ac 1:5 ; 11:16), descente à laquelle les disciples avaient été préparés par Jésus lui-même (Lc 24:49 ; Jn 15:26). Dans la narration de Jean, l’Esprit est représenté par l’image du vent et du feu (Ac 2:1-4). Le vent remplit avec une telle violence la pièce dans laquelle les disciples étaient rassemblés que l’on peut dire qu’ils étaient immergés, c’est-à-dire baptisés dans le vent en Esprit. De manière analogue, ils furent immergés dans le feu, qui apparaissait comme une langue de flamme sur la tête de chacun d’eux. L’auteur invisible de ce baptême est le Christ (Ac 2:33).
Mais le baptême en Esprit présuppose des faits que Jean lui-même n’avait pas prévus ; pourquoi Jésus aurait-il eu un tel pouvoir ? L’évangile répond à cette question par la narration de la vie de Jésus.
L’acte culminant de la vie de Jésus est sa mort, dont la valeur reste cachée sous le phénomène apparent pour se reporter dans l’intime de la conscience du Christ lui-même. Celui-ci en a révélé la valeur par l’action prophétique effectuée lors de la dernière Pâque avec les disciples, lorsqu’il leur offrit du pain et du vin comme représentation de la donation de son corps et de son sang pour la rémission des péchés (Mt 26:17 ; 25 ; Mc 14:22-24 ; Lc 22:1-23). La mort du Christ n’est pas une cessation de la vie, mais le don de la vie. Jean n’avait pas eu la vision de ce mystère.
La valeur de la mort de Jésus a été exprimée par l’élaboration théologique primitive sous trois formes. Dans la première, elle a été représentée comme un sacrifice, par lequel Dieu a établi un nouveau traité d’alliance avec les hommes (He 9:14-15). Cette image est tirée du code rituel hébraïque autour du sacrifice expiatoire ( Lv 4:3-16).
Dans la deuxième forme, on trouve la conception de la rédemption (Mt 20:28 ; Ep 1:7 ; Col 1:14 ; 1 Tm 2:6) en lui appliquant l’institution juridique du rachat des esclaves.
Dans la troisième, elle prend la forme d’une victoire et d’une libération comme les combats par lesquels Moïse et Josué, les juges et les rois conduisirent le peuple élu à la liberté du peuple de Dieu dans la terre promise (2 Tm 1:9 ; Ap 5:5 ; 1 Co 15:55).
La synthèse de ces trois images est l’expression « Fils de Dieu ». Jésus a pu obtenir la rémission des péchés humains en sa qualité de fils de Dieu (He 5:8 ; Mt 3:17 ; 16:16). Parce que fils de Dieu, il a pu vaincre le péché dans sa triple manifestation d’offense envers Dieu, d’esclavage de l’homme et de domination par la puissance du mal. Parce que fils de Dieu, il a expié devant Dieu, racheté les hommes, vaincu le péché.
Les autres événements que Jean n’a point vus, mais qui sont intimement liés au baptême d’Esprit, sont la glorification de Jésus – que la narration évangélique projette sur le plan historique avec la résurrection – l’ascension et l’assomption à la droite du père.
Jean n’entrevoit Christ qu’après la gloire, le Christ de la puissance et de l’Esprit. C’est précisément à ce moment que Jésus, ayant reçu l’Esprit du Père, l’associe à ses disciples pour les baptiser dans l’Esprit (Ac 2:36). Les disciples sont baptisés du même baptême dont Jésus lui-même avait été baptisé par le Père (Mc 10:38-39).
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