ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Esquisse d’une théologie
de la rémission des péchés





Le problème et ses antinomies


Sommaire

Avant-propos

Le problème et ses antinomies
- Le baptême d’eau
- Le baptême en Esprit
- Le baptême au nom de
  Jésus
- Les antinomies
- Solution catholique
- Solution réformée
- Critique des solutions

Solution selon la théologie de la foi




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La solution catholique


   La théologie catholique reconnaît à l’Église un rôle positif et efficace pour la rémission des péchés, et soutient en même temps que ce rôle, sans déroger à l’initiative et à l’efficacité de la grâce divine, l’utilise comme instrument et l’actualise.

   Le péché est originel ou actuel. Est considéré comme péché originel la faute qui, dérivant du premier homme, corrompt la nature du genre humain, tandis que le péché actuel consiste dans la faute personnelle qui est de la responsabilité de chaque individu. Qu’il soit originel ou actuel, le péché provoque une rupture entre l’homme et Dieu et rend l’homme hostile envers Dieu, sujet à la damnation, membre du Diable.
   L’homme ne peut offrir par lui-même à Dieu une réparation adéquate à l’offense faite, donc, abandonné à ses propres forces, il reste toujours victime du péché. Pour délivrer l’homme du péché Dieu, le Père, a envoyé dans le monde le Verbe, son fils unique, qui a expié le péché par sa mort sur la croix. Sa mort est un véritable et réel sacrifice, car elle est une satisfaction adéquate à l’exigence intime de la justice divine ; elle est un vrai rachat de l’homme de l’esclavage du péché ; c’est une vraie victoire que le Christ a remporté sur les puissances des ténèbres.

   Il n’y a aucune contradiction dans le fait que le Christ peut expier les péchés pour les autres et les péchés de l’avenir, car il est non seulement homme, mais aussi vrai Dieu. Étant unie à la personne divine, l’humanité du Christ atteint, avec sa mort, un mérite qui surpasse le temps et l’individu en s’étendant sur l’humanité toute entière.
   Entre l’efficacité de la mort du Christ et l’action du Saint Esprit, il n’y a aucune opposition en tant que le Christ procède du Verbe comme du Père. En descendant sur les hommes lors de la Pentecôte, comme lorsqu’il descend sur les individus, le Saint Esprit ne fait qu’appliquer l’efficacité même de la mort de Jésus. Il n’y a pas deux sources de salut, la mort du Christ et l’Esprit, mais une seule, le Christ, qui agit par l’intermédiaire de l’Esprit qu’il a envoyé lui-même.
   De même, il n’existe aucune opposition entre l’action de l’Esprit et l’action de l’Église pour la rémission des péchés, car l’efficacité de l’action de l’Église s’effectue par l’action même de l’Esprit. L’Église s’interpose entre le Christ et les individus sans exercer la moindre médiation. Elle se présente comme un point dans lequel se rend possible et s’effectue la participation des âmes aux mérites du Christ par l’Esprit. Son action, en effet, est un « sacrement ». Sacrement signifie que l’action de l’Église ne se pose pas comme raison principale de la rémission des péchés, mais comme instrument subordonné à la cause primaire, qui est Dieu. Par cette subordination à l’efficacité de la causalité divine, le sacrement agit toujours « ex opere operato ».

   Comme il y a deux sortes de péché, le péché originel et le péché actuel, il y a deux sacrements que le Christ a institués pour appliquer aux âmes la rémission des péchés obtenue par sa mort : le baptême et la confession, ou pénitence.
   Le baptême est le sacrement dans lequel l’action de l’Esprit, à travers l’eau et la formule trinitaire donne à l’homme les mérites du Christ en le rachetant d’abord du péché originel, puis des péchés actuels. L’efficacité du baptême ne se produit ni par l’eau ni par la forme, mais par l’Esprit du Christ à travers la matière et la forme du sacrement.
   Pour les péchés actuels, le Christ a institué un second sacrement lorsqu’il accorda aux apôtres l’Esprit pour remettre ou maintenir les péchés. Ce pouvoir ne peut se confondre avec l’autorité de baptiser, puisque le Christ le lègue sous forme de jugement. Par conséquent ce sacrement se distingue du baptême par l’objet et par la matière, ainsi que par la forme.

   Qu’il s’agisse du baptême ou de la confession, l’action de l’Église ne déroge nullement à l’autorité de Dieu ni ne viole la foi des individus. En effet, pendant qu’ils agissent en vertu de la grâce de Dieu, « ex opere operato », ils présupposent dans les individu la foi sans laquelle l’action divine ne pourrait s’effectuer en eux. Les deux sacrements rendent donc possible la liaison entre la grâce du Christ et la foi des individus, car c’est par leur action que la grâce pénètre dans les croyants et que les croyants atteignent la grâce.
   L’application des mérites du Christ par l’action de l’Esprit à travers l’action sacramentaire de l’Église est expliquée par un processus de causalité dans lequel il n’appartient pas seulement à l’Esprit de produire la grâce, mais aussi aux sacrements. L’effet de cette causalité est la grâce, qui est une qualité infuse inhérente dans l’âme, par laquelle l’homme est justifié, régénéré, et par laquelle il participe à la vie du Christ et de Dieu.

   En conclusion l’Église se rend nécessaire « de necessitate salutis », mais nonobstant cette nécessité elle n’exerce aucune médiation entre le Christ et les âmes, en tant qu’elle ne modifie ni n’altère la grâce du Christ, mais qu’elle agit en conséquence de son efficacité.




c 1958




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t251500 : 09/01/2020