Sommaire
Avant-propos
Le problème et ses antinomies
La solution selon la théologie de la foi
- Principes de la théologie de la foi
- Jésus, fils de Dieu
- La rédemption
- La médiation
- La justification
- Le pouvoir de rémission
- Efficacité de la foi
- Le baptême
- Confession fraternelle
- Confession individuelle
- L’Église
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Les principes de la théologie de la foi
Le fait que les antinomies (1) n’ont pas disparu (2) après les réponses données par le catholicisme (3) et la Réforme (4) nous amène à choisir un autre chemin, par lequel on peut connaître l’Évangile « selon Esprit et vérité » (Jn 4:23). Cette nouvelle voie a pour but de donner à la Parole une interprétation conforme à la réalité qu’elle exprime. Mais comment devons-nous interpréter la Parole ?
Les catholiques et les réformateurs ont cru que le contenu de la Parole est constitué par une réalité qui préexiste à la révélation, qui n’en est qu’une manifestation, tandis que nous disons que la Parole exprime des faits qui se produisent dans l’acte de la révélation lui-même. La révélation ne nous rapporte pas un acte d’être, mais un fait d’avoir, c’est-à-dire le fait que l’homme se pose pour Dieu et Dieu pour lui.
La critique exégétique nous conduit à affirmer que la Parole de l’Écriture est, par la grammaire et la syntaxe, par le style et la linguistique, propre à l’auteur qui l’a écrite. Elle ne peut donc être divine que par l’homme. La révélation est une manifestation de Dieu à l’homme par l’expérience religieuse de l’homme.
Les phénomènes que le prophète exprime se passent dans sa conscience. Cependant s’ils ne sont pas objectifs, au sens de faits qui se posent au-dehors de l’expérience du prophète, ils ne sont pas non plus subjectifs, en tant que phénomènes qui naissent dans la conscience pour se perdre en elle. Il y a dans ces phénomènes de la transcendance, en ce qu’ils posent un rapport de l’homme vers Dieu et de Dieu vers l’homme. Le prophète fait l’expérience que les phénomènes se déroulent en lui, mais qu’ils ne viennent pas de lui. Il sent dans son expérience une puissance d’hétéronomie, par laquelle il se saisit lui-même comme posé, c’est-à-dire comme un « y avoir ». De même qu’il se saisit par rapport à l’acte d’être, il saisit l’acte d’être par rapport à lui-même. L’objet de l’expérience n’est pas la chose en elle-même, ni en Dieu ni en lui, mais le fait que Dieu se pose pour lui et qu’il se pose pour Dieu.
La parole sort comme manifestation de cette expérience. C’est à l’homme de donner un nom aux phénomènes, mais à cause de la transcendance les noms sont perçus par le prophète comme imposés par la personne même de Dieu. Il se passe dans l’expérience religieuse un processus analogue à la genèse de la connaissance intellectuelle. En voyant deux plantes et en disant « voici deux plantes », nous avons conscience que ce sont les plantes elles-mêmes, sous la forme de plantes, qui s’imposent à la connaissance, et non pas la synthèse universelle de la raison qui saisit les données des sens par rapport aux catégories de l’esprit. De même le prophète, en faisant la synthèse de la connaissance avec les données de l’expérience, a la conviction que c’est Dieu, principe de la transcendance religieuse, qui impose le nom et non pas lui. Mais bien qu’elle soit le fruit d’une synthèse de raison, la Parole doit être qualifiée de divine en vertu de la transcendance qu’elle exprime, et par laquelle elle se pose.
L’expérience religieuse exprimée par la Parole est valable pour les autres aussi, et elle prend une valeur d’universalité quand elle est apte à se proposer de nouveau chez les autres comme chez le prophète. Nous sommes certains de la vérité de l’Évangile – c’est-à-dire de la véracité du fait que Jésus s’est posé devant Dieu pour nous, et Dieu en Jésus – non par l’évidence de la raison, ni par une confiance aveugle, ni par un pouvoir d’autorité de la Parole même, mais par le fait qu’elle se renouvelle en nous. L’universalité de l’expérience est semblable à celle d’une œuvre d’art, qui possède une valeur de beauté pour tous quand, en la revivant, elle reproduit en nous la même intuition artistique que celle qui l’a suscitée chez l’artiste. La foi est donc la résolution de la Parole à une évidence intérieure par le fait qu’il se reproduit en nous l’expérience même qui est présupposée par la Parole.
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(1) Voir. 
(2) Voir. 
(3) Voir. 
(4) Voir. 
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