Sommaire
Avant-propos
Le problème et ses antinomies
- Le baptême d’eau
- Le baptême en Esprit
- Le baptême au nom de Jésus
- Les antinomies
- Solution catholique
- Solution réformée
- Critique des solutions
Solution selon la théologie de la foi
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Antinomies entre les trois baptêmes
Jean avait annoncé à l’avance l’œuvre salvatrice du Christ en la représentant par l’image du baptême de feu et d’Esprit pour la rémission des péchés. Or, comme la rémission des péchés a été apportée par Christ à travers sa mort, attribuer la rémission des péchés à un baptême, qu’il soit d’Esprit ou « au nom du seigneur », qui n’est pas celui de la mort du Christ, met toute doctrine du salut en intime contradiction avec elle-même. Quelles sont ces antinomies ?
La première antinomie porte sur la valeur rédemptrice de la mort du Christ. Comment Christ peut-il racheter nos péchés, si ces péchés sont ceux des autres et non les siens ? Si nous disons que Jésus a pardonné les péchés sans attendre le consentement des autres hommes, nous nions leur liberté ; si, au contraire, il attend ce consentement, alors sa mort n’a pas encore racheté le péché.
En outre, comment le Christ peut-il racheter les péchés si ceux-ci sont dans l’avenir ? Le péché serait alors pardonné par anticipation mais, en ce cas, s’il se commettait il ne constituerait plus une offense envers Dieu et ne serait donc plus un péché, puisque déjà remis.
La deuxième antinomie tient dans le rapport entre la mort de Jésus et le baptême de l’Esprit. Si la rémission des péchés a été accordée par la mort du Christ, pourquoi exiger une autre intervention divine ? Ou le baptême de l’Esprit n’a aucune efficacité, et alors pourquoi en parler, ou il est efficace et pourquoi attribuer la rémission des péchés à la mort de Jésus ? Pourquoi prétendre que sa mort est sacrifice, rédemption et victoire sur le mal, alors que le péché est pardonné par un acte de miséricorde postérieur et différent de la mort du seigneur ? Pourquoi parler d’une rédemption opérée par l’intermédiaire de Jésus, quand au contraire la rémission des péchés s’opère en chaque cas particulier par la descente de l’Esprit de Dieu sur chacun de nous ?
À supposer même que cette antinomie puisse être résolue, il en apparaît une autre entre le baptême « au nom de Jésus » et celui en Esprit. Suivant l’économie d’un tel baptême, qui s’est manifesté lors de la Pentecôte, l’auteur du baptême est Dieu lui-même, qui agit par le Christ de gloire tandis que l’homme y accède avec repentance et foi, en attitude de prière et de pure attente. Au contraire le baptême « au nom de Jésus », devant être donné par l’Église, déroge aux principes de celui de l’Esprit et s’y oppose.
La première de ces oppositions est dirigée contre Dieu. Si c’est l’Esprit de Dieu qui est l’auteur de la rémission des péchés, pourquoi une nouvelle autorité, celle de l’Église, lui succède-t-elle ? Et si cette autorité est nécessaire, pourquoi prétendre que la rémission des péchés est donnée par l’Esprit ?
Une antinomie analogue se répète au sujet de la foi. Si les croyants obtiennent la rémission des péchés par la foi en Dieu et par l’attente du Saint Esprit, pourquoi exiger d’eux l’obéissance à l’Église ? et s’ils doivent obéir, pourquoi attendre l’Esprit ?
Cette antinomie laissée de côté, il en surgit une autre par rapport au rite baptismal. Ou bien ce rite est inutile, et en ce cas, pourquoi l’exiger pour la rémission des péchés ? Ou alors il est nécessaire, et pourquoi attribuer le pardon des péchés au nom du seigneur ?
La triple antinomie se ramène en dernière analyse à une seule, à savoir celle de la médiation de l’Église. Ou l’Église entre d’une façon positive dans le rapport entre l’homme et Dieu en conditionnant la rémission des péchés, et dans ce cas elle pose une médiation telle qu’en elle se rejoignent l’autorité de Dieu et du Christ et la liberté de l’homme, ou elle ne joue pas un rôle positif, intérieur et efficace pour la rémission des péchés, et alors elle est inutile par rapport à l’économie du salut ; son autorité peut être alors, tout au plus, d’ordre psychologique et organisationnel.
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