Sommaire
Avant-propos
Le problème et ses antinomies
La solution selon la théologie de la foi
- Principes de la théologie de la foi
- Jésus, fils de Dieu
- La rédemption
- La médiation
- La justification
- Le pouvoir de rémission
- Efficacité de la foi
- Le baptême
- Confession fraternelle
- Confession individuelle
- L’Église
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Le baptême
Le baptême conféré par l’Église se présente au début comme immersion de l’homme repenti dans l’eau, pour la rémission de ses péchés en vue de l’obtention du Saint-Esprit (Ac 2:38).
L’évolution historique du baptême est marquée par un processus de mythisation, par lequel la rémission des péchés est détachée de l’Esprit, pour être attribuée à l’eau et au nom de Jésus.
Déjà, lors de son apparition après la Pentecôte, l’Esprit n’est pas considéré comme principe de la rémission des péchés, mais plutôt comme but : la rémission est déjà sur le chemin sacramentel, tandis que l’Esprit va s’unir à l’imposition des mains, cédant le pas à l’eau et au « nom de Jésus ».
L’auteur du quatrième évangile revit le baptême dans l’eau primordiale de la création ( Gn 1:2), en le concevant comme renaissance en Christ (Jn 3:5) ; Pierre le saisit par rapport aux eaux du déluge (1 P 3:20-21), en le concevant comme purification ; Paul, enfin, voit le batême comme une libération, car il le sent dans l’image du passage de la mer Rouge (1 Co 10:1-2).
Le processus symbolique commencé par les trois courants apostoliques parvient lentement, au cours des siècles, à considérer l’eau comme instrument nécessaire pour réaliser le salut individuel.
Le nom de Jésus, qui exprimait d’abord l’efficacité du baptême par la puissance de la foi en Christ, est ensuite résolu dans la formule sacramentaire qui aurait, par le fait qu’elle est prononcée, la vertu d’invoquer sur l’eau la puissance libératrice de Dieu. Le mythe tombe dans le dogme du sacrement.
La Réforme marque, par son appel à la foi, le premier pas dans la démythisation du baptême. Cet appel nous pousse à considérer l’efficacité du baptême par rapport à la foi. Cependant la Réforme, en considérant la foi seulement comme valeur individuelle d’obtention, a vidé le baptême de sa puissance hétéronome, puisqu’elle l’a considéré comme efficace par la foi même de la personne qui est baptisée.
Nous, au contraire, après avoir détaché le baptême de l’eau et de toute formule, le considérons comme pouvoir hétéronome de foi, en ce que la foi de celui qui baptise obtient la rémission des péchés pour celui qui est baptisé, pourvu qu’il soit uni à lui et à Dieu par la foi d’abandon.
Il faut en effet remarquer la distinction entre baptême de Jean et baptême « au nom du seigneur », puisque celui qui avait déjà reçu le baptême de Jean recevait le baptême « au nom de Jésus » sans immersion (Ac 19:5). Ceci démontre que le rôle de l’immersion était en rapport avec la repentance et non avec la rémission des péchés, et que ce n’est que plus tard qu’elle a été amenée à signifier la renaissance par rapport à la mort du Christ.
Il faut en effet remarquer que le nom de Jésus n’apparaît pas sous forme de prononciation d’une formule : il exprimait plutôt une intention, selon laquelle le baptême était conféré en vertu de la mort de Jésus.
La nature du baptême était donc, dans son efficacité, la rémission des péchés par la foi en Christ, c’est-à-dire par une foi qui possède une efficacité de collation, ou d’obtention pour les autres.
Le baptême n’absorbe pas tout le pouvoir de la rémission des péchés, il est plutôt une forme de rémission puisqu’il présuppose un cas spécifique d’hétéronomie de foi. L’homme qui doit être baptisé est celui qui est encore en-dehors de l’Évangile et vit sur le seuil de la maison du Père dans un esprit d’humilité et d’attente. Il a la foi, mais il ne parvient pas à l’expérience du Père en lui-même. Il y a en lui une double insuffisance qui appelle une intervention hétéronome dans ses rapports avec Dieu : insuffisance à l’égard de la connaissance de Dieu le Père et de son fils ; insuffisance de parvenir à connaître la volonté du Père.
Il est donc nécessaire qu’intervienne l’Église, laquelle, au moyen d’un frère, se pose devant Dieu pour lui avant tout comme prédicateur, puis comme celui qui pardonne. Le pardon que le baptisé, touché par la repentance, prononce, est repris par le frère et prononcé devant Dieu pour lui dans le même esprit de Christ. Son appel ne reste pas sans réponse, puisqu’il trouve dans son expérience de foi un Dieu qui se révèle comme Père, non seulement pour lui, mais aussi pour l’autre pour lequel il demande.
Matière et forme de sacrement sont la foi même du frère, en ce qu’il demande à Dieu pour le frère. En reprenant le pardon demandé par son frère, il répète et renouvelle le pardon du Christ sur la croix. Le Dieu qui s’est révélé Père en Christ se révèle de la même façon en lui. Entre baptême et croix, il y a donc une continuité de puissance spirituelle. L’eau et le nom de Jésus peuvent rester pour annoncer le fait spirituel qui se produit dans l’esprit, mais c’est seulement la foi qui obtient, pour celui qui demande comme pour l’autre.
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