ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Esquisse d’une théologie
de la rémission des péchés





La solution selon la théologie de la foi


Sommaire

Avant-propos

Le problème et ses antinomies

La solution selon la théologie de la foi
- Principes de la théologie
  de la foi
- Jésus, fils de Dieu
- La rédemption
- La médiation
- La justification
- Le pouvoir de rémission
- Efficacité de la foi
- Le baptême
- Confession fraternelle
- Confession individuelle
- L’Église




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Le pouvoir de rémission des péchés


   Nous avons parlé (1) de la rémission des péchés comme effet d’une « obtention », rémission que l’homme obtient en ce qu’il s’abandonne à Dieu, le Père, par le Christ. Les évangélistes parlent cependant d’une rémission des péchés par un acte de collation, précisément dans les passages où le Christ envoie les apôtres remettre les péchés (Mt 16:19 ; 18:18 ; 28:19 ; Mc 16:15-16 ; Lc 20:22-23).

   Les catholiques, poussés par une exigence sacramentaliste, ont dissocié la rémission des péchés de l’obtention par la foi, pour la considérer comme effectuée seulement par la collation des sacrements, baptême et confession. Les protestants, par contre, en vue de sauver l’autonomie de la grâce, ont séparé la rémission des péchés de toute collation pour la reconnaître comme donnée seulement par l’adhésion à la foi.
   Nous disons qu’on reçoit le pardon soit par obtention, soit par collation, mais nous disons aussi qu’obtention et collation constituent le même pouvoir de la foi. Nous ne voyons pas la nécessité de renier la valeur objective des passages où le Christ aurait conféré le pouvoir de rémission des péchés, car la foi est efficace pour obtenir la rémission des péchés, pas seulement pour celui qui la demande mais aussi pour les autres.

   La Parole et la rémission des péchés font partie d’un même rapport spirituel de Dieu vers l’homme. De même que, par la Parole, Dieu se révèle à l’homme, par la rémission des péchés il se pose pour l’homme. La Parole de Dieu n’est pas celle d’une personne morte, mais vivante, présente à celui qui écoute. Par conséquent écouter la Parole, c’est-à-dire croire, présuppose dans l’homme deux attitudes : compréhension de la Parole et union à la personne de Dieu qui parle. Croire, c’est participer au colloque de Dieu d’une façon vivante, par rapport à la Parole et à la présence de Dieu.

   La foi est quelquefois complètement autonome, soit par rapport à la Parole, soit par rapport à l’union avec la personne divine. Le colloque entre Dieu et l’homme se déroule sans l’intervention d’autres personnes. L’exemple de Paul est typique, qui a été indépendant des autres apôtres dans tout le processus de sa foi, parce que la Parole lui a été révélée par Dieu même (Ga 1:11-12).
   Dans d’autres cas, la foi de l’homme n’est pas suffisante pour le colloque avec Dieu, ni pour l’achever par l’obtention du pardon des péchés. Nous disons qu’il y a une hétéronomie dans le processus personnel de la justification, car il demande l’intervention des autres pour manifester la Parole, ou pour l’achever par le pardon des péchés.

   L’insuffisance par rapport à la Parole demande une hétéronomie d’intervention par la prédication, qui est l’exposition de la Parole par l’homme. Prêcher ne signifie pas proposer la Parole à la façon d’une exposition doctrinale. Prêcher, c’est adresser la Parole aux frères pour les entraîner dans le colloque avec Dieu, de même que nous invitons les derniers venus à participer à une conversation que nous avons déjà commencée avec les autres. La prédication se distingue de la doctrine en ce qu’elle se déroule comme un colloque, tandis que la doctrine expose la Parole en faisant abstraction des personnes qui parlent.
   L’homme est apte à écouter la Parole lorsqu’il a une foi hétéronome, c’est-à-dire une foi qui ne donne pas une certitude de la volonté déterminée de Dieu par rapport à ce qu’elle demande, bien qu’elle dénote un total abandon de l’homme à cette volonté. Cet abandon passif est déjà expression d’une vocation à la Parole, vocation qui est la condition pour la recevoir.
   Afin que le croyant entre en rapport avec Dieu, le prédicateur doit exposer la Parole dans la foi, c’est-à-dire dans l’esprit de cette union par laquelle il est déjà lié à Dieu. En ce que le prédicateur se pose pour l’autre, la Parole que Dieu lui a adressée devient aussi Parole de Dieu pour l’autre. Lui aussi prend part au colloque qui, établi une fois entre le Christ et Dieu, se reproduit chez le nouveau venu par l’obtention de la foi du prédicateur. La foi possède donc un premier pouvoir d’obtention pour les autres, celui de la compréhension de la Parole. En ce qu’elle obtient pour les autres, la foi a un pouvoir de collation en Christ.

   Il y a aussi une autre hétéronomie de la foi par rapport à l’achèvement du colloque avec Dieu dans la rémission des péchés.
   Nous disons d’abord qu’il y a une foi qui a, par elle-même, le pouvoir d’obtention de la rémission des péchés. Rappelons la Cananéenne (Mt 15:27), la femme qui souffre de pertes de sang (Mt 9:21), le centurion (Mt 8:8), Marie dans les noces de Cana (Jn 2:5). Dans ce cas, on croit qu’on peut obtenir ce que l’on demande. Par l’abandon à la foi, ils ont la certitude que Dieu les écoutera. Leur foi est celle dont le Christ avait révélé la puissance (Mt 21:22).

   Il y a encore une autre foi qui, bien qu’elle abandonne l’homme à la divine volonté ne donne pas cette certitude. On est seulement certain que Dieu répondra à notre demande s’il le veut, mais nous ne savons pas s’il le voudra. Étant insuffisante, cette foi aussi demande une hétéronomie.
   Elle demande que ce soit la foi des autres qui obtienne pour elle l’efficacité qu’elle n’a pas. De même que la première insuffisance appelle le prédicateur de la Parole, cette dernière demande l’intervention de celui qui pardonne par sa foi en Christ. Alors, de même que le prédicateur, celui qui pardonne doit avoir une foi tellement profonde qu’elle puisse l’unir à Dieu avec la certitude du pardon pour les autres. Il doit se poser devant Dieu pour les autres comme le Christ s’est posé sur la croix, afin que le même Père qui s’est révélé au Christ se manifeste à lui aussi pour les autres.

   Le pouvoir de rémission des péchés donné par Christ aux apôtres s’identifie donc avec le pouvoir même de la foi. C’est pour cela que le Christ, après avoir annoncé aux apôtres la concession du pouvoir de lier et délier (Mt 18:18), associe ce pouvoir à l’efficacité de la prière par la foi (Mt 18:19).

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(1) Voir.   Retour au texte



c 1958




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t252060 : 15/03/2020