ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


Esquisse d’une théologie
de la rémission des péchés





La solution selon la théologie de la foi


Sommaire

Avant-propos

Le problème et ses antinomies

La solution selon la théologie de la foi
- Principes de la théologie
  de la foi
- Jésus, fils de Dieu
- La rédemption
- La médiation
- La justification
- Le pouvoir de rémission
- Efficacité de la foi
- Le baptême
- Confession fraternelle
- Confession individuelle
- L’Église




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

La justification


   Le problème de la justification s’ouvre lorsque, après avoir entendu la parole de l’Évangile et après avoir eu « le cœur vivement touché », nous demandons « que ferons-nous pour être sauvés ? » (Ac 2:37 ; Lc 4:10). Puisque le Christ a expié le péché par sa croix, la réponse devient une proposition catéchétique : pour être sauvés, il faut que nous participions au pardon des péchés obtenu par le Christ sur la croix. La justification est précisément la participation au pardon du Christ sur la croix. Mais cette réponse pose une question qui est à la base d’un problème théologique : comment pouvons-nous être justifiés, nous qui sommes éloignés de la croix par l’espace et le temps, et par des péchés qui ne sont pas ceux de la croix ?

   Nous rappelons que, contre la théologie catholique qui reconnaît la justification par les sacrements, les Réformateurs l’ont posée par la foi seule. Nous disons que nous sommes justifiés lorsque se répète en nous la position de conscience du Christ sur la croix, position qui est exprimée par le pardon. Nous obtenons le pardon de nos péchés en ce que nous pardonnons aux autres par Christ.

   Le pardon du Christ répété par nous demande de notre côté une triple attitude d’esprit : reniement de nous-mêmes en subissant l’offense que les autres nous ont faite, donation aux autres par le pardon accordé, abandon à Dieu dans notre reniement pour les autres. Le pardon n’est pas un mot, ni un acte posé une fois ou l’autre. Il est plutôt une disposition d’esprit en réponse à la Parole, afin de nous poser devant Dieu pour les autres, comme le Christ s’est posé lui-même.
   Le pardon, en tant que reniement de notre moi par l’offense reçue, expie le péché que nous avons commis envers les autres parce que ce reniement nous fait faire le chemin inverse de l’exaltation de notre moi contre le prochain.
   De même qu’il nous pousse à renoncer à la revendication des offenses subies pour les offenseurs, il expie les péchés que les autres ont commis envers nous, parce que les péchés, n’ayant plus une raison d’offenser, cessent d’exister.
   De même que le pardon nous abandonne à Dieu, il obtient pour nous la rémission des péchés commis envers Dieu, au moment où Dieu répond à notre humiliation en se révélant comme Père, de même qu’il s’est révélé au Christ.

   Le pardon, dans lequel nous reconnaissons une raison de justification, joue dans le même temps un rôle de sacrement et de foi.
   Il est sacrement en ce qu’il est un acte d’existence humaine à travers laquelle la miséricorde de Dieu, le Père, nous est donnée par la mort du Christ. Il est action, de même qu’est action le sacrement conçu par l’Église catholique. Cependant il se distingue profondément de toute liturgie, parce qu’il est intérieur à l’esprit et à la vie, existence même de la vie, tandis que celui-ci se déroule par une action matérielle, extérieure et formelle. Par ce sacrement, la grâce de Dieu est toujours par l’homme, tandis que par l’action liturgique elle passe au-dehors de l’homme, par la position même d’une action dans l’espace et dans le temps. En celui-ci la mort du Christ se répète, comme sur une scène, par figures et formes, ici au contraire elle se renouvelle selon Esprit et vérité.

   Le pardon est aussi une foi véritable, dans le sens le plus profond du mot. La foi n’est pas la connaissance dite « véritable » de la doctrine de la Parole, mais l’abandon à Dieu par la mort du Christ, par cette mort où le Christ a été pour nous rédempteur et médiateur. Pour obtenir la rémission des péchés, il ne suffit pas d’être convaincu que le Christ est mort pour nos péchés, il est aussi nécessaire que notre existence participe de sa mort par le pardon. La foi qui justifie est l’acte d’acceptation des offenses, non parce que cet acte comporte un mérite, mais parce qu’il appelle Dieu à nous répondre comme Père. Dieu se révèle comme Père lorsque nous nous approchons de lui comme fils, mais fils de Dieu nous sommes quand nous devenons frères du prochain par le pardon.



c 1958




Retour à l'accueil La médiation Haut de page Le pouvoir de rémission des péchés      écrire au webmestre

t252050 : 11/01/2020