ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Art et poésie des natures mortes de Morandi





Remarques sur l’esthétique de l’art de Morandi


Sommaire

Présentation

Dans le sillage de Cézanne

L’esthétique de l’art de Morandi
- Introduction
- L’esthétique d’Aristote
- L’art de Cézanne
- L’esthétique platonicienne
- L’aristotélisme de
  Morandi
- Au-delà de l’esthétique
  aristotélicienne

Dans l’ascétisme de François d’Assise




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L’esthétique d’Aristote


   Aristote définit les principes d’une esthétique dans la Poétique. Sans doute y développe-t-il une théorie poétique et non esthétique, mais pour les Grecs comme pour les Italiens art et poésie sont liés et ont une philosophie commune.

   Il définit la poésie, et donc l’art, par opposition à l’histoire et à la philosophie (1). Tandis que l’histoire s’occupe de l’être particulier et concret qui s’accomplit dans les faits, la philosophie a pour objet l’être universel, commun à tous les « étants ». La poésie se trouve au milieu, entre l’histoire et la philosophie, car elle concerne l’être possible, c’est-à-dire l’être en ce qu’il n’est pas mais peut – ou aurait pu – devenir. La poésie tragique, par exemple, chante différemment les exploits des héros, leurs triomphes comme leurs chutes, selon l’intrigue du drame.
   Cette catégorie de l’art nous permet de comprendre à la fois le contenu des poèmes et des tragédies, des peintures et des sculptures. Il suffit de penser au portrait, qui peut être une copie conforme à l’image d’une personne, mais qui dans l’art doit exprimer cette image telle qu’elle pourrait être – ou aurait pu être – selon le caractère, l’intelligence et les penchants de la personne.

   Aristote entend définir l’essence de l’art, essence qui demeure le fondement d’une orientation esthé­tique, dans la mesure où elle exclut toute autre définition de l’art. Puisqu’il partage l’opinion com­mune d’alors selon laquelle l’art est une imitation de la nature, il en exclut toute représentation qui irait à l’encontre de la nature ou qui ne se ferait pas comprendre d’elle.
   Fondant l’art sur « le possible de l’être », il ne reconnaît artistiques que les représentations qui reproduisent des objets de la nature dans leur réalité ou qui, au moins, ne nient pas leur réalité concrète dans la nature.

   L’esthétique aristotélicienne se fonde sur cette définition de l’art. Déjà connue dès les temps anciens, elle devient la norme de l’esthétique de la Renaissance. Mais on remarquera qu’au début de l’ère baroque, l’art s’en est détaché pour donner à l’imagination un élan de créativité au-delà de ce que la nature peut offrir. Patrizi l’avait affirmé clairement en déclarant que l’art consiste dans l’impossible plutôt que dans le possible de l’être, l’incroyable fantastique (2), définition qui apparaît conforme à l’art moderne.

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(1) Aristote, Poétique, A,1451 B,5-6.   Retour au texte

(2) Patrizi, De la Daca ammirabile, Liv. V-VI.   Retour au texte



avril 1997




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