Sommaire
Présentation
Dans le sillage de Cézanne
- La référence à Cézanne
- Les valeurs plastiques
- La peinture métaphysique
- La première période
- La seconde période
- L’œuvre de Morandi et la peinture moderne
L’esthétique de l’art de Morandi
Dans l’ascétisme de François d’Assise
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La référence à Cézanne
La peinture de Morandi est, sans aucun doute, moderne, et le coup de pinceau qui l’exprime sur la toile par taches de couleur est celui-là même qu’avait donné Cézanne. Morandi connaissait la peinture du maître, en particulier ses natures mortes, dans lesquelles il ne recherchait pas une essence idéale, mais la chose elle-même en sa réalité : des fleurs, des fruits, dans cette essence que la nature leur donne. Car l’art de Cézanne ne s’inspire pas du platonisme, mais plutôt de l’aristotélisme, qui recherche une essence immanente à la structure de l’objet.
Morandi s’inscrit dans cette façon de peindre à laquelle il avait été sensibilisé par les Macchiaioli.
Dans sa démarche picturale, il se démarque cependant dès le début de celle de son maître par le choix des objets. Il prend presque toujours pour modèle non des choses en usage encore utiles, mais des déchets : des bouteilles vides, des boîtes inutilisables, des bougeoirs de fortune, de vieux pots, bref des objets qui, tout en conservant leur forme et leur volume, n’ont plus de valeur.
On croirait des objets privés d’essence, or le peintre les dispose devant lui pour leur donner une essence sur la toile. Il ne recherche pas une essence idéale ou symbolique mais concrète, inhérente à la chose : il se montre, comme Cézanne, plutôt aristotélicien que platonicien.
Mais où découvre-t-il cette essence, puisqu’elle est absente ? Est-ce en plaçant les objets peints dans un décor susceptible de les mettre en valeur ? Non, mais en les disposant l’un près de l’autre selon un certain rythme afin de constituer un ensemble. Cette disposition donne à son regard la possibilité de les saisir dans un réseau de rapports, où chacun se définit en relation à l’autre. Il s’agit de rapports entre les surfaces et les volumes, entre les couleurs et les degrés d’intensité de la lumière. Son pinceau retrace sur la toile chaque objet dans la visibilité que lui donne l’ensemble des valeurs plastiques.
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