ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
Art et poésie des natures mortes de Morandi
Dans le sillage de Cézanne
Sommaire
Présentation
Dans le sillage de Cézanne
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La référence
à Cézanne
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Les valeurs plastiques
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La peinture
métaphysique
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La première
période
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La seconde
période
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L’œuvre
de Morandi et la
peinture moderne
L’esthétique
de l’art de Morandi
Dans l’ascétisme
de François d’Assise
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Les valeurs plastiques
Cette expression peut être comprise comme désignant le mode propre à la peinture elle-même. Cependant,
Morandi lui donne une signification particulière selon les tendances des peintres du Novecento italien
(1)
.
Mario Broglio a édité une revue,
Valori plastici
, afin de rechercher les principes esthétiques. On y trouve entre autres des articles de
Carrà et de
de Chirico, de
Soffici et de
Savinio concernant l’art nouveau, qu’on appelle « métaphysique ». La peinture n’est pas une reproduction d’objets, mais une construction d’images résultant des rapports entre lignes et figures, surfaces et volumes, couleur et lumière, bref entre les valeurs picturales. Construction par laquelle l’objet peint se détache autant de l’objet réel qui a servi de modèle que de tout contenu surajouté, idéologique ou psychologique.
Morandi demeura fidèle aux valeurs plastiques sans jamais changer de cap, comme le firent
Carrà et
de Chirico. Toute sa peinture est animée d’un mouvement intérieur vers la recherche d’une essence pure de valeurs.
Suivons-le en train de peindre ces objets disposés comme modèle sur une planche. Son attention est attirée par la disposition des volumes, l’alternance des surfaces et le jeu des couleurs sous l’éclairage des différents degrés de lumière.
Il ne recopie pas sur la toile les objets tels qu’ils sont, mais tels qu’ils apparaissent à son intuition créatrice. Celle-ci se distingue de l’intuition de l’espace, qui rend possible la perception parce qu’elle donne forme et figure aux données du perçu, non par nécessité mais par un choix libre de créativité. Elle peut relâcher la rigueur de la ligne, accentuer ou diminuer l’intensité de la lumière, déformer l’image pour la reformaliser, déplacer les volumes et les associer ou en changer la disposition. Elle est active et créatrice.
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(1)
L’ennemi
1993-1994, « L’Italie de la métaphysique », Christian Bourgois, 1994.
avril 1997
t281200 : 18/04/2020