ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Art et poésie des natures mortes de Morandi





Dans le sillage de Cézanne


Sommaire

Présentation

Dans le sillage de Cézanne
- La référence à Cézanne
- Les valeurs plastiques
- La peinture métaphysique
- La première période
- La seconde période
- L’œuvre de Morandi et la
  peinture moderne


L’esthétique de l’art de Morandi

Dans l’ascétisme de François d’Assise




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L’œuvre de Morandi
et la peinture moderne


   Morandi est un peintre moderne, toute son œuvre le confirme. Néanmoins, celle-ci ne se laisse inscrire dans aucun des courants de la peinture moderne. Il en connaissait les peintres et les appréciait mais, tout en plongeant son pinceau dans la même palette, il s’est séparé d’eux : la visée de son art était différente.
   Il convient d’ajouter qu’il n’a pas fondé d’école. Ainsi, en dehors de tout mouvement ou école, il est resté un peintre solitaire dans un art qui demeure unique. Cela ne signifie pas que les peintres modernes n’ont pas eu sur lui une grande influence, au contraire, mais par une voie dialectique ou par assimilation.

   Par rapport à Cézanne, on peut affirmer que, s’il l’a suivi dans la recherche de la structure de l’objet, il s’est distancié de lui par celle de la forme. Cézanne a été hanté par l’harmonie des volumes, Morandi en a exprimé la mélodie.
   Il fut fasciné par l’impressionnisme, bien qu’il ne l’ait pas suivi, comme Cézanne d’ailleurs. Sans doute le trouvait-il contraire à son inspiration. Tandis que les impressionnistes cherchaient à peindre la nature en plein air, lui ne visait qu’à la forme des choses telle qu’elle se donnait à voir dans leur être, forme à laquelle il ne parvenait qu’après un dépouillement de l’objet peint. La visée de cette recherche l’empêchait de s’orienter vers l’impres­sionnisme, pourtant celui-ci a agi sur lui par sa lumière, la couleur, la touche en taches de son pinceau.
   Il est aussi resté éloigné du futurisme, bien que ses maîtres aient été Italiens. Ils mettaient l’accent de création sur la représentation du mouvement des choses, tandis que lui-même ne visait qu’à suivre le lent mouvement intérieur de la chose dans la conquête de sa forme.
   Pour de semblables raisons, il a fui le cubisme, que son art ignore.
   Quant à l’art abstrait, il ressort de la pureté des formes de son art qu’il l’a assimilé plutôt que refusé. Ceci est vrai non seulement des natures mortes de style métaphysique, mais aussi de celles de sa double période de formalisation et de transfigura­tion.

   Comme je l’ai dit (1), au commencement de sa carrière il a noué des relations avec les peintres du novecento italien, surtout avec de Chirico et Carrà, du courant métaphysique, dont il avait épousé la théorie des valeurs plastiques. La collaboration avec eux a abouti à des tableaux de peinture méta­physique, parmi lesquels celui de la nature morte de 1918 :


Nature morte 1918



   Il était devenu un peintre de ce courant, mais il a vite abandonné ce mouvement, délaissant aussi la peinture métaphysique. L’expérience de celle-ci a cependant été positive et profonde, puisqu’elle l’a poussé à rechercher la forme au niveau de l’être. S’il a abandonné la peinture métaphysique, il a toujours gardé la métaphysique dans la peinture.

   Seul, en dehors de tout courant, il s’est pourtant inséré dans l’histoire de la peinture moderne, la conduisant au terme de sa visée esthétique. Il l’a élevée de l’harmonie des couleurs à la mélodie d’une vision.

   Mais quels sont les principes de son esthétique, et quels en ont été les inspirateurs ?

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avril 1997




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