ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa résurrection de JésusFiction dramatique en huit actes |
ACTE HUITIÈME :Dans le jardin rocailleux du tombeau. |
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SCÈNE HUIT(Eugène, Nicodème, Thomas, Joseph, Jean, Maria Madeleine)– Si Pierre s’est mis dans la tête que Jésus est le Fils de Dieu, c’est, à mon sens, pour s’accaparer une part de son pouvoir ! C’est pourquoi il est regrettable que, pour permettre à un homme d’accéder à cette dignité, Pierre soit parvenu à priver la nature humaine de cette plénitude de l’être, qui l’exalte jusqu’aux confins de la divinité de Dieu. – En effet, il a conféré les paroles de l’Écriture : « Il l’a fait à peine inférieur à Dieu » au Christ, et non à l’homme, qui avait été créé par Dieu à son image et à sa ressemblance. – Nous avons eu tort de croire que Jésus était Dieu, alors qu’il a affirmé qu’il était fils de Dieu, comme c’est la condition de tout homme. – C’est vrai, mais nous devons être très circonspects dans l’affirmation : l’homme est « fils de Dieu », car il n’a pas été engendré par Dieu, mais créé par lui. – Pourquoi donc ne pas user de l’expression « fils de Dieu » dans l’absolu, si l’homme a bien été créé « à son image » ? – À son image, parce qu’il a été convenu que la nature de l’homme est une image réfléchie de la nature de Dieu. En effet, Dieu pense et définit les choses à partir de leurs causes, tandis que l’homme ne peut les comprendre et les définir qu’à partir de leurs effets. Une réciprocité s’établit ainsi entre Dieu et l’homme, dans une participation réfléchie. – Toutefois, puisque Jésus a identifié celui qui fait la volonté de Dieu à « sa mère et à ses frères », j’estime que la relation entre Dieu et l’homme s’inscrit dans la cadre d’une génération spirituelle. – C’est aussi ma conviction, à condition de situer cette génération au niveau des personnes, et non à celui du dogme des « deux natures ». En d’autres termes, nous sommes « enfants de Dieu » non point parce que Dieu nous a engendrés, mais parce qu’il nous aime et nous considère effectivement comme des fils, de même que nous le considérons en toutes circonstances comme un « Père ». – Pour quelle raison nous traite-t-il comme des fils, et pourquoi le considérons-nous comme un Père ? – Parce que les « deux natures », celle de Dieu et celle de l’homme, bien que distinctes, ne sont pas totalement étrangères, se faisant écho l’une à l’autre dans leur similitude. – À qui l’initiative revient-elle : à Dieu ou à l’homme ? – Je dirai à l’homme, parce qu’il reconnaît un « frère » en son « prochain ». – Je te remercie ! Tu me permets de pénétrer plus intimement dans la réalité de Jésus. Enfant bâtard, il a perçu en quiconque accomplissait la volonté de Dieu envers son prochain un frère, une sœur ou une mère. En conséquence, Dieu se révélait en lui comme un père. Dieu devient le Père de quiconque agit en frère envers son prochain. Ainsi s’accomplit la génération virtuelle de Dieu envers les hommes créés. – Quant à moi, je suis convié à sonder ces paroles que Jésus m’avait dites sur la naissance spirituelle de l’homme : « En vérité, en vérité je te dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». L’homme connaît une croissance spirituelle, de la même manière qu’il avance en âge. Dès que quelqu’un se porte à la rencontre de son prochain comme vers un frère, une nouvelle naissance s’opère en lui. Il lui naît un frère, et lui-même le devient sous le regard de cet autre ! En eux, Dieu se révèle Père et fait sa demeure ! – Il n’est pas incongru de prétendre que Dieu s’incarne, ainsi, dans l’homme et l’habite, comme en un temple vivant. – Non seulement, il nous a été fait la grâce d’hériter le message du royaume de Dieu, mais de surcroît celle de l’accomplir en nous. En cet accomplissement, la personne de Jésus s’élève en nous à la dignité de Christ, car l’Esprit, qui l’avait confirmé dans sa fonction de prophète de l’amour de Dieu envers les hommes, s’incarne en eux, réunis dans une communion fraternelle. (Il se tient au milieu des frères, porte un regard sur tous et déclare d’une voix grave et recueillie): La parole s’est faite chair (Il quitte les lieux lentement, tandis que les autres demeurent bouleversés et songeurs). (S’adressant aux frères). – Frères, nous nous retrouvons là même où j’ai rencontré Jésus, quand il quitta la terre pour aller vers le Père. Il n’est plus parmi les hommes, ayant abandonné son corps à leur merci. Mais il a renoncé aussi à demeurer parmi les morts ! Frères, je vous invite à revivre ce moment, pour recueillir son message et l’esprit qui l’anime. En effet, Dieu l’avait envoyé comme prophète et l’a consacré Christ, non pour nous laisser asservir à son pouvoir, mais pour nous appeler à vivre de son amour. Dieu n’a pas voulu s’imposer comme un maître, mais comme un passionné des humains, ainsi qu’il s’était présenté au prophète Osée. Allez, frères ! Salomé et moi nous vous précéderons, chantant et dansant l’hymne que David composa sur l’homme. (Thomas et Joseph, Nicodème et Eugène se lèvent, tandis que Maria s’empare du luth et que Salomé s’apprête à danser). La lune et les étoiles que tu fixas, Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? Le fils de l’homme, Pour que tu prennes garde à lui ? Tu l’as fait de peu inférieur à Toi Et tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, Tu as tout mis sous ses pieds : La brebis comme le bœuf, Et les animaux des champs Et les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, Tout ce qui parcourt les sentiers des mers. Éternel, notre Seigneur, Que ton nom est magnifique sur toute la terre ! (Salomé tourne en dansant, son voile flottant sous le souffle de la brise du soir. Mais dès que Maria a terminé le psaume, elle cesse de danser et tourne son regard vers le ciel : l’étoile du soir s’élève doucement sur l’horizon, tandis que le soleil s’enfonce sous l’horizon. Maria reprend son luth et Salomé se remet à chanter, tandis que les frères font un cercle autour d’elle et de Maria). D’une étoile en feu qui se meurt. Elle tombe sur l’écume des ondes dans un sursaut En haute mer. Se déchaînent les vents Des deux hémisphères du monde, Bousculant les vagues qui se calment et se creusent En un berceau d’écumes. Se taisent les eaux. Mais du fond du duvet, un enfant Appelle dans un gémissement sa mère Et attendrit son cœur. Portés par les ailes des ondes Accourent les oiseaux gazouillant Et dansant alentour. S’endort l’enfant ! À l’horizon se lève l’aurore Le couvrant de son voile rose. L’homme est né d’une étreinte Du ciel et de la terre. (Le cercle des disciples se serre autour d’elles dans une étreinte fraternelle).
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t348080 : 19/03/2020