ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisLa création d'AdamGenèse 2: 7 |
Exégèse2– « Yahvé-Élohim forma l’homme
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Sommaire Le contexte Exégèse . Et une vapeur s'éleva . Yahvé-Élohim forma . Il souffla sur les narines Le genre littéraire Genèse du récit Le récit yahviste . De la conscience de soi au récit . Du récit mythique à l'histoire Le texte élohiste Les deux Adam |
uisque Dieu ne disposait d’autre matière que de la glaise, il ne pouvait faire l’homme qu’en modelant cette glaise à son image. C’est pourquoi on trouve dans le récit le verbe « iasar », qui signifie « former » : Dieu œuvre donc comme un potier (« Ioser », de iasar), en modelant l’argile qu’il prend à la surface de la terre pour lui donner forme d’homme. Bien que le texte emploie « poussière » ( hafar ), je dis « argile », terme supposé par le sens du récit car on ne modèle pas de la poussière. Le passage d’Isaïe qui s’inspire de ce texte, reprend le terme d’« argile » et non celui de « poussière » : « Nous sommes l’argile ( homer ), et c’est toi qui nous as formés ( Iasar ) » ( Is 64: 7 ). Contre la logique du texte, les rédacteurs ont voulu conserver le mot « poussière » dans un but éthique et religieux, pour que le lecteur, découvrant qu’il a été formé directement par les mains de Dieu, ne s’en enorgueillisse pas et qu’il n’oublie pas qu’il n’est que poussière. Ce souci éthique apparaît en effet d’une façon explicite dans les paroles de Dieu à Adam, à la suite de son péché : « Tu es poussière et tu retomberas dans la poussière » ( Gn 3: 19 ). Mais si le maintien du mot « poussière » va à l’encontre du sens du récit, il faut supposer qu’il est dû, non aux auteurs du récit, mais aux rédacteurs de la Bible qui ont ainsi produit une aporie. Le lecteur sera surpris d’apprendre que Dieu a fait l’homme en modelant de la glaise, comme un potier. Même si la narration est mythique, la conscience populaire juive qui en est à l’origine aurait pu inventer une autre histoire, plus conforme à la personne du Dieu de sa foi. L’homme devant surgir de la terre, le peuple aurait pu imaginer que Dieu, qui le premier mit la terre en culture, ait tracé un sillon sur la surface du sol, pour y jeter la semence de l’homme. Celui-ci serait issu de Dieu par le processus de génération qui régit le devenir de la nature. Sans doute tout est-il possible dans le mythe, mais puisqu’il est déterminé par un transfert de conscience, chaque histoire mythique est conditionnée par l’état de la conscience collective dans laquelle elle est née. Pourquoi, parmi les travaux d’art susceptibles d’exprimer la création, est-ce celui du potier qui a été choisi ? Parce que ce mythe très ancien, dont l’origine remonte au temps de la naissance de la poterie, art premier de l’homme, était susceptible d’être adapté à la création de l’ancêtre du peuple juif. Il n’y avait pas besoin d’outils, mais seulement de mains, de glaise et de feu. Les Grecs attribuaient la création de l’homme par l’argile à Prométhée, célèbre pour avoir volé le feu aux dieux pour donner aux hommes la puissance divine et l’immortalité. À l’origine, les deux mythes n’étaient probablement pas dissociés. Nous reviendrons plus loin sur la question de savoir comment ce mythe est parvenu jusqu’à la Bible. Toujours est-il que les Juifs l’ont utilisé après l’avoir adapté à leur foi, à leur culture et à l’expérience de leur histoire propre. La création du père du peuple juif à l’image de la fabrication d’un vase est en effet conforme au rôle que le peuple juif a eu conscience de jouer dans le monde : celui d’être le gardien de la parole de Dieu, ainsi que de la finalité de l’existence des peuples et de l’homme. Peuple élu, sacré ( kadosch ) comme un vase cultuel. Nous reviendrons sur ce problème. |
t422200 : 11/01/2017