ouvent, les Évangiles situent les paroles les plus bouleversantes de Jésus dans un contexte de polémique avec les pharisiens (Mt 22:15 ; Mc 8: 11). Modèle littéraire, ou narration conforme aux témoi­gnages ?

Il y a des raisons pour accréditer l’une et l’autre hypothèse. Il reste, selon Mt 5:31-32, que Jésus a critiqué ouvertement le droit du divorce établi par Moïse. Cela peut suffire pour estimer que des phari­siens ont cherché, par les pièges de la dialectique, à conduire Jésus à des aveux publics susceptibles de permettre de le traîner en jugement.
   Pour les évangélistes, cette dispute est une pièce importante de la critique menée par Jésus à l’en­contre de la Loi. Marc la situe au début du dernier voyage de Jésus à Jérusalem, probablement pour que les enseignements de Jésus à ce sujet en Galilée soient aussi proclamés en Judée, et qu’ils demeurent étroitement liés à l’événement de sa mort et de sa résurrection.

Mon propos est d’exposer tout d’abord le précepte du divorce édicté par Moïse – ainsi que les problè­mes qu’il suscitait dans les consciences – et les réserves manifestées avant Jésus à son égard. J’ex­poserai ensuite la condamnation que Jésus en fait dans le texte de Mt 5: 31-32. Puis j’entrerai dans le vif de la dispute entre les pharisiens et Jésus, afin d’en démêler l’intrigue dialectique et préciser la question ainsi que l’interprétation du précepte don­née par les interlocuteurs. Je chercherai enfin à clarifier la portée de la réponse de Jésus : si elle a été prononcée par lui comme personne historique, ou en tant que personnage christique.