ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Jésus  rejette  la  loi  sur  le  divorce


Marc 10: 1-12




Dans le sillage
de Malachie : Jésus



Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691





Introduction
Sommaire

Le précepte du divorce

Les Proverbes et Malachie
La femme de la jeunesse
La femme de l'alliance

Dans le sillage de Malachie : Jésus

La dispute de Jésus avec les pharisiens
La critique de Jésus
Réplique des pharisiens
Les raisons de Jésus

Jugement de Jésus, ou du « Jésus-Christ » de la foi ?

es Évangiles s’ouvrent sur le message eschatologi­que par lequel le récit de Malachie s’est achevé. « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères » ( Ml 3:23-24 ).
   Pour les évangélistes, Élie ne vient pas en per­sonne, mais en esprit dans la personne de Jean-Baptiste, tandis que la venue du Seigneur s’accom­plit en Jésus-Christ, Fils de Dieu. Ainsi, le Jésus-Christ de la foi se trouve intimement lié au message de Malachie, message accompli par sa parole et par son oeuvre. Mais Jésus était-il aussi concerné par le message de Malachie, dans sa personne d’homme et dans sa mission ?

   Concerné, sans doute, mais dans un esprit pro­fondément diffèrent. Comme Malachie, Jésus atten­dait la venue de Dieu en Israël, mais alors que Mala­chie l’annonçait au peuple en l’exhortant à la conci­liation entre les pères et les fils, Jésus déclarait être venu semer la division. « Pensez-vous que je suis venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division, le père contre le fils et le fils contre le père » ( Lc 12:49-53 – voir aussi Mt 10:21 ).
   En effet, la situation sociale et religieuse était nou­velle : Malachie visait à reconstituer le peuple dans son être originel pour renouveler l’alliance de Dieu avec Moïse et Lévi, l’ancêtre des prêtres du culte du temple, Jésus poussait le peuple à se libérer du pouvoir du judaïsme pour s’attacher à l’alliance faite par Dieu au commencement. Ce qui n’a pas empê­ché Jésus de reprendre le thème de la prédication de Malachie, ainsi que ses critiques sur les sacrificateurs comme sur le précepte du divorce. Mais l’esprit, je le répète, était diffèrent.


Venons-en à la critique radicale de Jésus sur le pré­cepte du divorce, au début de sa prédication en Gali­lée et lors de la querelle avec les pharisiens. Le texte de cette première intervention se trouve dans l’Évan­gile de Matthieu, au moment du « Discours de la montagne » : « Il a été dit que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce. Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à l’adultère, et que celui qui épouse un femme répudiée, commet un adultère » ( Mt 5:31-32 ).


Il existe donc une profonde différence d’expression entre la critique de Jésus et celle de Malachie. Ce dernier vise essentiellement la pratique du précepte de Moïse, qu’il avait constatée chez nombre de ses contemporains conditionnés par les coutumes des peuples auxquels ils étaient soumis. Il les accusait de s’opposer à Dieu, le témoin de leur alliance d’amour. Un seul avait osé transgresser : Abraham, qui répu­dia Agar parce qu’elle et son fils Ismaël auraient mis en péril l’héritage qui revenait à Isaac ( Gn 21:9-14 ). Hors de ce cas, le divorce n’avait d’autre moti­vation que le plaisir. Et Dieu a le divorce en aver­sion.
   Jésus, par contre, ne considère pas seulement la pratique du divorce mais également le précepte lui-même. Lui non plus ne nomme pas Moïse, mais il voit dans le précepte une occasion d’adultère, auquel le divorce expose la femme en lui laissant la liberté de se remarier.


La différence entre les deux prophètes ne réside pas dans la conclusion, mais dans la forme et le but. Jésus se situe dans un temps postérieur à Malachie, celui de l’accomplissement de son oracle au sujet d’Élie. Malachie a vécu sous la Loi de Moïse, qu’il cherchait à interpréter selon l’esprit de l’alliance de Dieu avec les pères.
   Pour Jésus, la Loi est révolue : il veut la rempla­cer par l’alliance du commencement de la création, destinée à tous les hommes. Dès lors, sa critique donne force de loi à la faillite du précepte mosaïque. Cependant, le texte de Matthieu ne nous permettant pas d’appréhender toutes les motivations qui ont amené Jésus à ce revirement, il faudra rechercher des compléments d’information dans la dispute avec les pharisiens à ce sujet.


Mais même dans cette première période, Jésus ne quitte pas le sillage de Malachie.




Le 20 janvier 2001




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