alachie n’est pas le nom du prophète, mais celui que la tradition lui a donné à partir de l’oracle sur la ve­nue du messager ( maleki ) qui préparera le chemin du Seigneur (Ml 1:1 ). Tant mieux, pourrait-on dire, puisque ce nom lie le prophète à son message, qui s’accomplit dans l’annonce de la « bonne nouvelle » des Évangiles.
   Ses oracles datent du quatrième siècle après le retour du peuple et la reconstruction des murailles de la ville. L’idée centrale en est l’alliance que Dieu avait conclue avec les pères et avec Lévi. Elle ré­pond aussi au problème vital du peuple, qui s’était détaché de cette alliance pour nouer des relations matrimoniales avec des étrangères. Il fallait donc rétablir l’unité et la légitimité du peuple, après la reconstruction du temple. Voici cet oracle :

L’Éternel ne peut rien agréer de vos mains
Et vous dites : pourquoi ?
Parce que l’Éternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, à laquelle tu as été infidèle, bien qu’elle soit la compagne et la femme de ton alliance.
Prenez donc garde en votre esprit et qu’aucun ne soit infidèle à la femme de sa jeunesse !
Car je hais la répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël.

( Ml 2:13-16 )

« Dieu a été témoin entre toi et la femme de ta jeu­nesse ». Cette affirmation trouve sa signification dans la présence de Dieu aux noces d’Adam et de sa femme. Dieu a promis à Adam de lui donner un « second », et l’a fait tomber dans un profond som­meil afin de tirer de lui une de ses côtes qu’il a méta­morphosée en femme, puis il l’a présentée à Adam pour qu’elle lui appartienne ( Gn 2:18-25 ).
   Malachie dut aussi s’inspirer des paroles de Laban à Jacob lors de leur accord de paix sur la montagne de Galaad : « Si tu maltraites mes filles et si tu prends encore d’autres femmes, ce n’est pas un homme qui sera avec nous, prends garde, c’est Dieu qui sera témoin entre moi et toi » ( Gn 31: 50 ).
   Enfin Dieu a été témoin auprès de femmes stéri­les, comme Sara – la femme d’Abraham – et Ra­chel, l’épouse de JJacob. La femme de la jeunesse était celle qui, avant la déportation, s’était unie par des noces dont Dieu avait donné l’image par son alliance avec le peuple. La femme de la jeunesse était le témoin de cette alliance. Désormais, depuis la reconstitution du temple, les hommes du peuple de­vaient se consacrer à leur propre réédification, prenant pour assise l’union avec la femme de leur jeunesse, la femme témoin de l’alliance de Dieu.

L’oracle atteste aussi la fin du précepte du divorce donné par Moïse. Peut-être l’institution du mariage n’a-t-elle pas été aussitôt bouleversée, mais la fem­me a été délivrée de son humiliation et a acquis sa propre personnalité de témoin de l’alliance de Dieu avec les pères, témoin par son amour de l’amour de Dieu pour son peuple.

   Après l’oracle de ce dernier prophète, Dieu s’est tu jusqu’à la venue dans le monde du messager ( Malachie ) qui préparera l’avènement du Seigneur.