ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les Amalécites et la sortie d’Israël d’Égypte





L’hymne de Moïse


Sommaire

Le texte d’Exode 17:8-16

Introduction

Analyse référentielle

Le témoignage égyptien

L’hymne de Moïse
- Moïse et Miriam
- Bataille et refoulement
- La guerre pour Yahvé

Entre mythe et histoire




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La bataille contre les Amalécites et le refoulement des Israélites du Néguev



   Nous avons cherché à resituer le combat d’Amaleq dans le contexte de temps, de lieu et d’événements dont le récit l’avait aliéné. Cette aliénation avait pour but d’effacer de la mémoire collective qu’Israël, ayant occupé le pays des Amalécites pour retourner en Palestine, terre de ses pères, avait été combattu par eux et refoulé au-delà des frontières, dans cette Égypte d’où il venait de partir. Effacer aussi qu’Israël n’a pas été dans le désert par le passage de la « mer de roseaux » de sa propre initiative, mais poussé par les troupes de Pharaon, qui voulait sa perte. Revenons donc au récit pour reprendre la lecture de sa narration du déroulement de la bataille.

   Les Amalécites survinrent et combattirent contre les Israélites parce qu’ils traversaient leur pays. Un texte du Deutéronome précise qu’ils « vinrent à leur rencontre par derrière » (Dt 25:17-19), supposant ainsi que les Israélites étaient à l’intérieur de leur frontière. On peut penser que leur tactique était de surprendre, de rompre les files et de contraindre à rebrousser, une fois mis en danger les femmes et les enfants, les provisions comme les troupeaux.
   S’apercevant du danger, Moïse ordonna à Josué d’organiser des groupes de combat (Ex 17:9) , tandis qu’avec Aaron et Hur, son fils, il montait sur la colline pour suivre le combat et demander la protection divine (Ex 17:10). Double médiateur, Moïse agit comme chef militaire et chef religieux, en sorte que la colline apparaît à la fois comme un quartier général et comme un lieu de culte : toute l’attention de la partie principale du récit porte sur lui.
   « Lorsque Moïse tenait ses mains levées, Israël l’emportait, et quand il les baissait, Amaleq l’emportait » (Ex 17:11). Les mains levées (du verbe rum) étaient une médiation de langage, par laquelle le prophète communiquait avec Dieu, et on pouvait y lire non seulement le déroulement du combat, mais aussi son issue. Or le prophète ne parvenait plus à tenir ses mains élevées, signe que Dieu ne pouvait pas lui assurer une intervention extraordinaire.
   Aaron et Hur pensèrent à soutenir les mains du prophète, parvenant ainsi à les maintenir levées jusqu’au coucher du soleil. Pour cela, ils durent faire assoir Moïse sur une pierre, eux se tenant à côté de lui comme des supports. Passage de la foi à la magie, ou éclat de la foi dans la magie ? Toujours est-il qu’ils pouvaient offrir aux combattants l’image des mains levées qui traçaient une ligne ascendante vers le ciel comme un holocauste, pour les encourager à combattre et à rompre l’encercle­ment.
   Ils purent contenir, sinon vaincre, la pression : le texte est objectif à cet égard, puisqu’il affirme que Josué « affaiblit (halach) Amaleq au fil de l’épée » (Ex 17:13), et non qu’il le vainquit (nassah).

   C’est à ce moment, au coucher du soleil, que Moïse, en lisant comme parole de Dieu ces événements, comprit que Dieu lui ordonnait de « rebrousser chemin » (Ex 14:2). Nous avons vu plus haut que les juifs, en train de sortir d’Égypte par la voie du nord, changent de direction pour s’engager dans la voie du désert parce que Dieu leur ordonne de « rebrousser chemin » par crainte que les guerres qu’ils devraient subir les amènent à se repentir d’avoir quitté l’Égypte (Ex 13:17 ; Ex 14:2). Puisqu’on ne pouvait connaître la parole de Dieu que par les phénomènes de l’existence, il faut conclure que les juifs durent subir une guerre dont l’issue malheureuse les convainquit que la sortie par la voie du nord était impossible.

   À la suite de l’analyse de ce texte, on peut affirmer que les juifs « rebroussèrent chemin » à cause de la défaite subie dans le combat contre Amaleq.



c 1975




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