ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Prométhée et Jésus :
d’Eschyle aux évangiles


(esquisse d’une théologie du mythe)





Deuxième partie :
Le mythe d’Io et l’évangile de Marie

I – Dieu et la vierge




Sommaire

Introduction

Dieu, le Sauveur et la mort

Le mythe d’Io et l’évangile de Marie
- Dieu et la vierge
  . Io, vierge mère
  . Marie, le péché et
    l’alliance
  . Analogie mythe –
    évangile
- La fortunée et la graciée
- Le souffle et l’esprit
- Les persécutions
- Les naissances
- Les vierges
- Épaphos et Jésus
- Prométhée et Siméon

Conclusion théologique



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La vierge mère d’un peuple divin


   Le Dieu qui, dans le mythe, s’approche de la vierge est Zeus, celui qui a condamné Prométhée à être cloué au rocher. Il est saisissant de remarquer que le mythe d’Io se déroule en même temps que celui de Prométhée. Cette coïncidence n’est pas sans signification. Combien de temps Prométhée fut-il cloué, martyr d’un terrible « vouloir » ? Nous ne le savons pas, mais son supplice doit avoir duré longtemps car Io, bien que fécondée par Zeus bien après la condamnation du dieu, le trouve encore là, plongé dans sa terrible souffrance. Zeus demeure inébranlable à l’égard du dieu souffrant et sa colère, au lieu de s’apaiser, devient plus cruelle encore. Toutefois, il est déjà transformé car il marche inéluctablement sur le chemin de cette justice pour laquelle Prométhée lui résiste. Celle qui nous révèle ce changement, c’est précisément Io, la vierge dont s’approche Zeus.
   Cette démarche amoureuse auprès d’Io montre que le Tout-puissant a commencé à renoncer à sa violence et à son pouvoir absolu pour aimer, lui aussi, les hommes. Il est vrai que son amour s’inspire d’Éros et non de l’amitié (philia), mais c’est un fait qu’il aime les hommes, car sa volonté ne vise plus à détruire, mais à engendrer. Éros, qui demeurait dans le cœur de Dieu pour les dieux, atteint les hommes à leur tour.
   La conversion de Zeus à Éros lui fait changer les desseins de son gouvernement. Si, au temps de sa colère, il avait envisagé de détruire les hommes et de créer une nouvelle race, il veut maintenant vivifier par son souffle la race qui existe déjà. Il applique sur la terre le même plan que celui qu’il a fructueusement réalisé dans l’Olympe. Il veut des hommes qui constituent son peuple à lui, obéissant à sa volonté, dévoué à son honneur et à son culte. Zeus est saisi d’un profond besoin d’être père des hommes. Il ne renonce pas à être roi, mais il veut l’être par sa paternité, qui doit fonder une famille unique des dieux et des hommes.

   Io est la femme que le grand roi a choisie pour le renouvellement de son royaume. Elle est vierge. Zeus jette ses regards sur une vierge parce qu’elle aussi, retranchée du monde, déteste la génération actuelle des hommes. Dans l’âme de cette jeune-fille est profondément enracinée la haine contre les mâles : Io hait les hommes non moins violemment que Zeus au temps de sa fureur. Zeus s’annonce auprès d’elle pour lui révéler le commencement d’une nouvelle époque, celle des hommes sages et non violents, époux amoureux et pères.
   Car il renonce lui-même à la violence pour être époux amoureux et père. Les peuples qui doivent naître de l’union de Zeus avec Io sont l’égyptien et le grec. Zeus fera accoucher son épouse sur sa terre à lui, dans son jardin au delta du Nil. Le fils de Zeus, le futur père d’un peuple divin, ne peut naître et grandir que dans la maison du Père. C’est de cette origine que les deux peuples garderont dans toute leur histoire un lien religieux et qu’ils parviendront au plus haut niveau de civilisation. Ce sont les peuples par lesquels Zeus répandra sa lumière et sa sagesse dans le monde.



c 1960




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t920110 : 15/10/2018