ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







L’EFFET  ANALYSEUR 
de  CORPUS  CHRISTI



Un événement culturel


Effet analyseur de Corpus Christi

- Un révélateur
- Réactions spécifi-   ques
  . Le Monde
  . Protestants et Juifs
  . Fondamentalistes
  . Laïques
  . La Croix
- Louanges et critiques
- Analyseur des évolu-   tions récentes
- Exemple d'évolution

Stratégies de Corpus Christi



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RÉACTIONS  SPÉCIFIQUES

Le Monde : « Ils ne savent pas… Croient-ils encore ? »




    Dans Le Monde du 24/3/97, Henri Tincq est le premier à parler d’une « investigation d’entomologiste » (1) et à relever que la série décortique « l’histoire d’une ins­truction et d’une condamnation à mort » (2). Selon lui, Corpus Christi « milite surtout contre les dérives d’un fondamentalisme qui, par une lecture littérale des Écritures, risque de conduire le monde vers de nouveaux précipices ». Pourtant dans Politis Bernard Langlois mé­di­te « ce que nous apprennent les enquêtes d’opinion : c’est chez les catholiques pratiquants que la résistance aux idées du FN est la plus forte ; c’est, à l’inverse, dans l’électorat populaire de la gauche, traditionnellement laïque ou agnostique, que le parti d’extrême droite marque des points. La fidélité au message évangélique agit donc comme un puissant révulsif aux insanités lepénistes » (3/4/97).

    Ce qui frappe, à la lecture des autres articles du Monde, c’est l’importance du thème « connaîtra-t-on un jour la vérité ? » : « Deux mille ans après les faits, non seulement la vérité n’est toujours pas établie, mais plus on la cerne, plus elle apparaît aléatoire » (Alain Rollat, 27/3/97). Car les experts « une semaine durant, répètent la même chose : ils ne savent pas. Et quel est l’objet de cet aveu d’ignorance ? Rien moins que la Vérité révélée des Évangiles » (Daniel Schneidermann, 31/3/97).
    Pour Schneidermann, le contenu de la série soulève une « interrogation ultime » qu’il aurait aimé poser à ces savants exégètes : « Tous les textes épluchés, toutes les supercheries disséquées, que reste-t-il de la foi ? Croient-ils encore seulement ? Et d’abord, qu’est-ce que croire ? Voilà quelques questions que laisse béantes Corpus Christi ». Un non-chrétien lui répond : « Il n’est jamais question du Jésus auquel croient les chrétiens dans Corpus Christi... La foi, elle, se place sur un tout autre plan... littéraire et philosophique... et c’est parce qu’il existe cette inaltérable vérité que les théologiens [sic] entendus ont pu donner une critique des textes... et pourtant continuer à croire » (lettre d’Emmanuel Le Mentec, Le Monde, 14/4/97).
    Et si la spécificité du christianisme était de n’avoir jamais tout à fait séparé les deux niveaux ? Pour Yves Marie Blanchard, Corpus Christi ne s’adresse pas uni­que­ment à l’« homme cultivé, soucieux de vérité histori­que », et ceci précisément parce que « pour le croyant qui fonde sa foi sur Jésus-Christ, il est de première importance de pouvoir accéder à une certaine connais­sance de l’homme Jésus, dans ce qu’il fut concrète­ment » (Télérama, 19/3/97). (3)

    C’est aussi Schneidermann qui écrit : « De la symphonie désenchantée Corpus Christi... beaucoup a déjà été souligné, sauf peut-être cette remarquable habileté – involontaire ? – des œuvres portées par un souffle, une nécessité, une époque, ou les trois à la fois » (31/3/97). Cette « habileté » se retrouve dans les inter­views des deux réalisateurs publiées par six périodiques (Télérama 19/3, La Croix 22/3, Sud-Ouest 23/3, Le Monde 24/3, L’Humanité 25/3, Libération 25/3/97). Mordillat et Prieur détaillent davantage les points sur lesquels ils se sentent proches de l’optique du journal, et s’ils parlent aussi des autres (sans rien céder sur le fond) c’est sans insister. Exactement ce qu’a remarqué Schneidermann pour les émissions elles-mêmes : « Sans trop s’y appesantir... C’est là, dans ce refus de l’acharnement, dans cet air de ne pas y toucher... que réside le génie de la partition [musicale] ».

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(1) L’expression sera reprise péjorativement : « J’ai assisté à la dissection méticuleuse et glacée des Évangiles... un insecte soumis à l’investigation d’entomologistes distingués » (lettre d’Irène Arabadjy, La Croix, 24/4/97).
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(2) Ce thème sera repris, de manière péjorative, dans Le Figaro : « Après M° Isorni (Le vrai procès de Jésus, Flam­marion, 1967) et M° Varaut (Le procès de Jésus crucifié sous Ponce Pilate, Plon, 1997) Arte vient de refaire le procès de Jésus par une lecture falsifiée des évangiles » (Michèle Reboul, 31/3/97).
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(3) La « civilisation occidentale » n’est-elle pas issue de ce paradoxe ?
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Paris, le 21 juin 1997




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tb012021 : 29/12/2017