Effet analyseur de Corpus Christi
- Un révélateur
- Réactions spécifi- ques
- Louanges et critiques
. Louanges
. Terrain religieux ?
. Écrits de propa- gande ?
- Analyseur des évolu- tions récentes
- Exemple d'évolution
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THÈMES DES LOUANGES ET DES CRITIQUES
Des louanges presque unanimes
« Il est des moments de pure grâce à la télévision... » ( Le Monde, 24/3/97), « avec, en prime, une leçon magistrale dont la télévision serait bien inspirée de faire son pain quotidien... » ( Le Monde, 27/3/97), « qui prouve que la télévision peut être un instrument intelligent de vulgarisation... » ( Libération, 26/3/97), et « qui témoigne que le divorce n’est pas inéluctable entre télévision et intelligence » ( Le Christianisme, 24/3/97).
« Faire œuvre de télévision, belle œuvre de télévision... » ( Midi Libre, 26/3/97), « renoue là avec la grande qualité de la télévision française... » ( L’Humanité, 25/3/97), « tous reconnaissent sur l’écran, dans ces moments-là, une télévision à leur image... » ( La Croix, 1/4/97), « Bravo à cette télévision-là » ( Télérama, 19/3/97). Bref des « émissions passionnantes qui s’inscriront dans la mémoire collective » ( La Vie, 20/3/97).
Le Figaro estime pourtant que la série « ne ressemble pas à de la télévision, mais à de la radio dont on aurait filmé les intervenants » (26/3/97). À cela, L’Humanité Dimanche avait répliqué par avance : « L’image répond : rien ou presque ne peut être exhibé à titre de preuve. De là à conclure qu’une émission de radio suffisait ! Justement, au lieu d’illustrer par défaut, Mordillat et Prieur ont décidé de montrer ce que la vérité impose dans ce cas, et rien d’autre, l’aridité exemplaire. Une démonstration qui exigeait le support de l’image » (19/3/97).
Aridité ? Les Dernières Nouvelles d’Alsace consacrent un article entier à montrer que Corpus Christi est « une véritable œuvre cinématographique, un très beau film de cinéma », qui « témoigne d’une démarche et d’une esthétique très anti-télévisuelle... parce que la télévision a peur de la durée, peur du silence » (28/3/97). « Ces centaines de milliers de gens qui regardèrent d’un bout à l’autre les émissions Corpus Christi ... ils virent, ils entendirent quoi ? Des érudits qui s’interrogeaient, doutaient, argumentaient, commentaient » ( La Croix, 1/4/97). Des humains étudiant des textes, loin de toute sacralisation, ni de leurs personnes, ni des textes : « Une lettre non plus sacrée, mais sainte puisqu’ouverte » ( Le Point, 4/4/97).
« A-t-on déjà vu pareille écriture télévisuelle ? Une telle absence de mise en scène pour évoquer des événements qui ont inspiré tant d’écrivains, de cinéastes et d’auteurs dramatiques ?... Une telle sobriété n’est pas une provocation des réalisateurs » ( Le Monde, 24/3/97).
Les réalisateurs expliquent : « Les lieux saints parlent de l’histoire des pèlerinages, les plus anciennes reliques remontent au XIIIème siècle » ( Le Christianisme, 24/3/97) et : « nos seules pièces à conviction, ce ne sont ni les lieux de pèlerinage, ni les images, ni les reliques, mais les mots » ( Télérama, 19/3/97). Et Le Christianisme commente : « Priorité au texte, à l’écrit. Rigueur de l’image donc, propre à plaire aux protestants que nous sommes » (24/3/97).
Marquant au contraire sa réprobation, et pas seulement par des mots, Famille Chrétienne accompagne son commentaire de Corpus Christi par de multiples images (grand calvaire, Christ en croix, fresque pieuse, icônes et... en tout petit, les fragments d’Évangiles les plus anciens) mais d’aucune photo des réalisateurs ou des chercheurs.
Le 21/3/97, dans un dossier de 7 pages sur « Le procès de Jésus », Le Point place aussi cinq grandes images pieuses et une image minuscule... d’une Bible enluminée, plus une photo... de Jean-Marc Varaut (avocat, auteur d’un Procès de Jésus crucifié sous Ponce Pilate, Plon, 1997 ; ce livre est mis aussi en avant par L’Express du 27/3/97). Pourtant, Christian Makarian y parle une fois de Corpus Christi (« série passionnante... excellente synthèse des connaissances les plus approfondies »). Il cite certains propos des chercheurs et conseille de voir les cinq émissions.
Certains commentateurs parlent simplement de « Documentaire d’exception » ( CB News, 21/4/97); « Chef d’œuvre de l’art documentaire » ( Télérama, 19/3/97); « Documentaire d’une écriture si particulière » ( La Croix, 22/3/97). D’autres poussent un peu plus loin l’analyse.
À un téléspectateur mécontent, affirmant dans La Croix qu’« un débat improvisé, clair et loyal aurait plus apporté à la recherche de la vérité » (Courrier des lecteurs, 12/4/97), c’est Le Christianisme qui répond : « Ce n’est pas un débat, comme les talk-shows à la mode, qui présentent dans une pseudo représentativité démocratique les avis les plus divers, mais qui confinent le téléspectateur à un rôle passif... Le spectateur est actif... il doit réfléchir et se faire "son" idée à partir des divers avis... Le montage fait que d’un thème à l’autre, ils [les intervenants] se répondent, approfondissent une idée, amplifient une hypothèse. », et conclut : « Un mode documentaire est inventé » ( Évelyne Frechet, 24/3/97).
Certaines appréciations montrent que quelques – très rares – commentateurs ont compris et apprécié la problématique – quasiment implicite – de Mordillat et Prieur dans Corpus Christi : « Superbe travail d’archéologie sur l’écriture » ( Élisabeth Perrin, TV Magazine - Le Figaro, 22/3/97) ; « Formidable travail sur l’écrit et la mémoire » ( Magali Jauffret, L’Humanité, 25/3/97) ; « Le postulat explicite [sic] que le cas Jésus relève moins du mystère de l’incarnation que de celui du texte » ( Jacques Mandelbaum, Tribune Juive, 20/3/97).
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