RÉACTIONS SPÉCIFIQUES
La Croix : avancées et limites
Le quotidien catholique
La Croix a accordé beaucoup de place à
Corpus Christi. L’article principal (paru le 22/3/97) est celui de
Frédéric Mounier, qui parle de «
spiritualité », de «
croyance » et de «
foi » – sujets que ni
Réforme, ni
Tribune juive n’ont cru bon de soulever, puisque le documentaire ne se plaçait pas sur le terrain religieux. L’auteur juge d’emblée le documentaire «
austère, précis, rigoureux et... passionnant » et conclut : «
La réussite est totale ». Aucune réticence par conséquent, et pas non plus de critique.
«
Plusieurs lettres nous sont parvenues, certains nous reprochant d’avoir "vanté les mérites d’une telle série" » reconnaît ensuite
La Croix en introduction au Courrier des lecteurs du 24/4/97 (5 lettres publiées). Pourtant le journal persiste. Quand un lecteur mécontent parle de «
myopie érigée en méthode », mais formule – à son insu – une vérité,
La Croix s’en saisit (avec humour ?) pour résumer sa lettre : «
On peut douter de tout si on y regarde de près ». Les quatre autres lettres publiées sont d’un autre ton et l’une d’entre elles est favorable à
Corpus Christi.
Le journal publie simultanément un long « mode d’emploi » de la série documentaire, rédigé par
E. Cothenet, (
La Croix, 24/4/97). Celui-ci commence par défendre les intervenants : «
Il serait injuste de juger la pensé profonde des auteurs [sic]
simplement par ce qui a été entendu. Il faut se reporter à leurs œuvres, d’ordinaire beaucoup plus nuancées », car «
Gérard Mordillat et Jérôme Prieur ont sélectionné les phrases qui répondaient à leur objectif et disposé les répliques ».
Après avoir cité les thèses des réalisateurs sur « l’écriture » – exprimées en voix
off à la fin de
Christos et imprimées dans le livret –
Cothenet admet tout à fait qu’«
avec cette citation, certains seront confortés dans leur opinion qu’il faut condamner purement et simplement l’émission ». Y aurait-il encore des gens prêts à «
condamner » une œuvre, de nos jours, pour une thèse sur le processus d’écriture des évangiles ? Oui, car c’est examiner le processus – historique – par lequel la personne historique de
Jésus a été recouverte par le personnage mythique du
Christ.
Mais il prend malgré tout la défense de cette émission (
voir Troisième partie). Bref,
Cothenet défend
Corpus Christi, sauf en ce qui concerne la problématique de
Mordillat et
Prieur sur « l’écriture ».