RÉACTIONS SPÉCIFIQUES
Les « fondamentalistes » : halte à la « polémique anti-catholique » !
Guy Barret se saisit de ce propos pour accuser les réalisateurs de
Corpus Christi de duplicité en conclusion de son commentaire (
Le Figaro, 25/3/97).
Après quelques éloges sur la qualité de la série, il procède à une critique croissante du manque d’ouverture d’esprit (ou de pluralisme) chez les experts invités : «
On s’étonne que le film ne fasse aucune référence au débat lancé... On ne comprend pas qu’il n’y ait pas eu au moins une allusion à cette controverse (1)... L’enjeu n’est pas mince pour qui s’intéresse aux origines du christianisme... Les exégètes catholiques interrogés sont finalement assez conservateurs ». Pourquoi seulement les catholiques ?
À la fin, vient l’accusation : «
Le propos affiché de Gérard Mordillat est d’offrir au grand public un état des lieux : que savons-nous des Évangiles ? Mais il y a, hélas, une autre intention qui pollue d’éphémère cette question éternelle… [ici s’insère la déclaration de
Mordillat]
. Dans ce raccourci, plus que contestable, nous quittons manifestement le terrain scientifique pour celui de la polémique anti-chrétienne ».
Après la diffusion, le journaliste
François Hauter au lieu d’informer ses lecteurs qu’une suite de
Corpus Christi est prévue – dont une partie nommée
Résurrection – dénigre habilement la série : «
Le fond de cette démarche est passionnant... [Mais]
l’incroyable faiblesse de cette série [tient]
dans le choix même des thèmes abordés. Pourquoi ne pas avoir consacré au moins une émission à la Résurrection, sans laquelle le christianisme ne tient pas ? » (article conclu et titré : « Corpus Christi
, c’est trop ou trop peu ! », 26/3/97). Qu’écrira-t-il lors de la diffusion de la suite ?
Puis l’accusation de
Barret est reprise par
Michèle Reboul, mais le ton monte encore : «
Il y a actuellement un " révisionnisme catholique " qui veut réécrire, réinterpréter les Évangiles... et même pour certains les censurer et les détruire » (31/3/97). Le Courrier des lecteurs ne comporte qu’une lettre : «
La série télévisée d’Arte
me révolte et m’écœure... œuvre de destruction de l’Église catholique, apostolique et romaine » (
Marcel Junin, 4/4/97). Fin de la progression dramatique.
Ce thème se retrouve dans le quotidien
Présent qui titre : «
Une vague de " révisionnisme ", mais ce n’est que Jésus, ce n’est pas la Shoah, c’est donc permis, et sans importance » et explique : «
Une systématique révision des certitudes millénaires du christianisme... nous a été rapportée avec tous les signes d’une pieuse et enthousiaste approbation par le très catholique magazine Télérama
, fidèle comme pas un à la religion selon l’esprit du concile » (
Jean Madira, 27/3/97).
Idem dans
Minute : «
Il faut prouver que Jésus ne fut pas condamné à la demande des autorités religieuses juives, mais des seuls Romains. On révisera donc les Évangiles » (
Éric Letty, 2/4/97).
Au contraire, dans
Politis,
Bernard Langlois «
voit bien les incidences politiques d’un tel débat » mais laisse «
les exégètes se traiter mutuellement de révisionnistes », car un parallèle lui suffit : «
Ponce Pilate ou Caïphe ?... Hitler ou Pétain ! » (3/4/97). Il rejoint là le point de vue exprimé par
Hyam Maccoby dans
Corpus Christi : «
Les Juifs qui ont pris part à cette arrestation [de
Jésus]
, comme les grands prêtres, l’ont fait dans l’intérêt des Romains, qui les avaient nommés pour ça. [Car]
le grand prêtre servait de chef de la police aux Romains » (deuxième partie,
Procès).
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(1) Barret fait référence aux thèses de, J. Carmignac, et C. P. Thiède (voir).