POLITIQUE DU SILENCE...
PAS MORTE ?
Schneidermann soutient que les réalisateurs de
Corpus Christi ont «
tiré de leur retraite, et retenu dans leur " casting ", les gardiens les plus titrés du dogme catholique » (
Le Monde, 31/3/97). Et
Mordillat raconte : «
Ils étaient très curieux de voir comment nous allions nous y prendre pour filmer ce qui leur paraissait exclusivement du domaine de l’écriture ... Ce fut un travail de patience réciproque extrêmement stimulant, pour eux et pour nous » (
Télérama, 19/3 et
La Croix, 22/3/97).
Comme je l’ai dit, l’un d’eux a expliqué longuement dans
La Croix la « règle du jeu » établie entre les deux réalisateurs et les chercheurs invités à participer au film (12/4/97).
Lemonon a saisi cette occasion pour s’exprimer clairement sur le fond : «
On ne peut pas parler à la légère des récits de la Passion, mais on se doit aussi d’en traiter en dehors des Églises, en un temps où celles-ci réclament à cor et à cri la reconnaissance du fait chrétien comme fait d’histoire. Le christianisme comme culture échappe en grande partie à ceux qui en vivent [comme foi] ». Ainsi, même d’«
un texte que l’Église s’est donnée comme règle de foi ... on peut cependant parler comme fait culturel ».
Mais d’autre part trois périodiques au moins –
Le Figaro, (25/3 et 31/3/97),
Famille Chrétienne (20/3/97),
Le Figaro Magazine (5/4/97) – s’appuient sur un livre de
Claude Tresmontant (
Traduction des Évangiles et de l’Apocalypse, édité par
François-Xavier de Guibert) pour affirmer « de concert » que
Corpus Christi «
a donné la parole exclusivement aux tenants d’une seule thèse » selon la formule de
Guibert lui-même dans
Le Figaro (31/3/97). Et même l’hebdomadaire protestant
Réforme regrette qu’il n’y ait pas eu «
un contradicteur [tel que]
Tresmontant » (20/3/97). Or il n’y a eu dans la presse aucune réponse à cette critique.
L’auteur et son
livre ne sont jamais nommés par ceux qui sont opposés à ses thèses.
De toute la
Revue de presse, voici le seul paragraphe qui y fait sans doute allusion : «
On [qui?]
ne peut critiquer l’absence du minuscule fragment de la 7ème grotte de Qumrân, où quelques chercheurs [lesquels?]
croient reconnaître un passage de Marc. Comme le fragment ne contient aucun mot complet, toute identification relève de la pure conjoncture » (
Édouard Cothenet,
La Croix, 24/4/97); l’auteur y donne les références d’un seul livre... opposé à cette «
pure conjecture ».
(1)
Pourtant un des chercheurs participant à
Corpus Christi,
Pierre Grelot, a publié un livre sur la question :
L’origine des Évangiles. Controverse avec Jean Carmignac (Cerf, 1986) indiqué dans la Bio-bibliographie des Participants, à la fin des livrets
Corpus Christi (2). Pourquoi n’a-t-il pas voulu (ou pas pu) publier une réponse dans un périodique « grand public », par exemple dans
La Croix ? La politique du silence (en public) sur ce qui gêne n’a donc pas vécu ses derniers jours...
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(1) Parole d’Evangile ? de G. Stanton.
(2) Voir La naissance des Évangiles synoptiques de J. Carmignac, ainsi que les livres de J. Genot-Bismuth et de C.P. Thiède. Tous, comme celui de Tresmontant, sont édités par Guibert, qui les a présentés en détail dans Le Figaro (31/3/97).