« SUITE »
« Puzzle d’opinions »
ou « Symphonie de doutes » ?
Les quatre autres parties conservent toutes les qualités de forme dont j’ai parlé plus haut, mais elles me laissent très diversement satisfait quant au fond.
(1)
Autant les parties
Roi des juifs et
Pâque répondent aux espoirs suscités par l’introduction, autant les parties
Procès et
Christos m’ont paru critiquables, notamment à cause du montage. Car
Mordillat et
Prieur semblent avoir pris le parti d’y éviter la confrontation rationnelle des interventions qu’ils ont pourtant eux-mêmes choisies. Il est vrai que ces deux thèmes (le – ou les – procès de
Jésus, et la naissance du christianisme) sont les plus complexes pour les historiens, et restent chargés de polémique (notamment entre spécialistes chrétiens et juifs, mais aussi entre catholiques et protestants).
À ce sujet T
hibaud, très virulent, parle d’«
experts... dont les positions ne sont pas cernées », de «
puzzle d’opinions » et même de «
collage ». Il est vrai que des contributions diverses ont été juxtaposées sans qu’apparaisse toujours une relation claire entre elles, et on entend vers la fin de la deuxième partie une répétition d’affirmations du début, pourtant critiquées de manière convaincante au milieu. Toute analyse est respectable, surtout émanant de ces spécialistes reconnus, et tout unanimisme serait suspect. Mais quand elle ne peut répondre aux arguments qui lui sont opposés, une analyse n’est plus le « point de vue argumenté » d’un expert, elle redescend au statut de simple opinion.
J’espère que ce n’était pas l’effet recherché. Mais, vu qu’à l’occasion de l’émission
Arrêt sur Images (le 30/3/97 sur
La Cinq) les réalisateurs eux-mêmes ont comparé leur documentaire à une «
symphonie de doutes », eh bien... j’ai des doutes.
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(1) Pour Libération au contraire, les cinq épisodes sont tous aussi bien faits, et c’est Christos qui est « le plus dense et le plus brillant » (29/3/97). De même, Tager n’émet qu’une légère réserve sur la seconde moitié de Roi des juifs (« Pour expliquer les subtilités entre " nazaréen " et " nazôréen ", nos savants font montre d’une fâcheuse tendance à couper les cheveux en quatre. Mais c’est aussi la règle du jeu ») ; c’est pourtant la partie la plus éclairante sur les méthodes de la critique textuelle.