ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







UN  ÉVÉNEMENT CULTUREL



Un événement culturel

- Un pari un peu fou
- Le succès au rendez-    vous
- Triomphe de la
   raison ?
- Incertitudes
- «Introduction»
- «Suite»
  . Une « Symphonie
    de doutes » ?
  . Progrès de notre
    compréhension ?

  . Aboutissement
  . Religion, morale et
    rigueur scientifique
- Sciences et littéra-
   ture
- Événements et
   interprétation
- Renaissance
- Politique du silence
- Pourquoi mainte-
   nant ?

Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi



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« SUITE »

Notre compréhension
a-t-elle progressé ?



    Thibaud pose des questions essentielles : ces émis­sions ont-elles « fait progresser notre compréhension du héros des évangiles ? » ; en particulier, savons-nous mieux si Jésus a « lui-même engagé dans sa vie publique le dépassement de la Loi [judaïque] et la subversion du judéo-centrisme que les chrétiens y ont vu par la sui­te ? ». Cependant, le « nous » employé ici par Thibaud semble désigner le petit nombre de personnes qui, comme lui, connaissaient déjà fort bien ces problèmes, car sa réponse est négative.
    Pour ma part, malgré certaines interrogations (que je détaillerai dans la Troisième partie), je pense que le documentaire, pris dans son ensemble, est de très grande valeur car nombreux sont ceux qui n’avaient auparavant presque aucune connaissance de ces questions. Pour tous ceux-ci, non seulement leur savoir s’est accru mais ils ont aussi pris connaissance des méthodes avec lesquelles les spécialistes travaillent. En effet comme le dit Prieur, « le texte est tellement subtil, malin, qu’il nous prend au piège... il combine des époques, des visées, des niveaux différents » et par conséquent « c’est ça qu’il faut démonter » (Le Monde, 23-24/3/97). Alain Rémond s’exclame : « C’est tout un monde qu’on voit s’ouvrir, un monde fascinant, comme redécouvert après des siècles de gloses et d’interprétations ». De même « l’une des hypothèses évoquées [dans la deuxième partie] fait particulièrement la lumière dans nos esprits obscurcis par des tonnes de catéchèse » remarquent Poncet et Potel (Libération, 26/3/97). Ainsi, pour beaucoup il s’agit là d’une découverte extraordinaire !
    On est bien loin du commentaire égocentrique de Thibaud (quelque peu méprisant à l’égard des deux réalisateurs, qui se présentent eux-mêmes comme « écrivains-cinéastes ») : « Il y a un plaisir libératoire à voir ébranler les représentations établies ... mais nos deux téléastes [sic] ont-ils fait plus que secouer notre routinière mémoire ? ». Pour Témoignage Chrétien, bien au contraire, « " Érudit " est l’un des tous premiers qualificatifs qui viennent à l’esprit pour qui aborde Corpus Christi » (21/3/97). Ayant vu et revu Corpus Christi, l’ayant étudié longuement, je n’ai pas encore le sentiment que tout ce qu’il apporte est déjà dans ma « routinière mémoire ». Pourquoi Thibaud fait-il comme si tout cela était déjà archi connu ?

    De manière encore plus surprenante mais signifi­cative, Mgr Defois, archevêque de Reims, a déclaré que « rien n’est absolument neuf » dans Corpus Christi (deuxième partie de l’émission Arrêt sur Images, le 30/3/97). Depuis combien de temps les autorités catho­liques, si bien renseignées sur tous ces problèmes, stigmatisaient-elles publiquement les Duquesne et les Scorsese, tout en préparant le tournant actuel qui leur donne rétrospectivement raison ? Malheureux, les catho­li­ques qui ne sauront pas prendre ce tournant assez vite ! L’exégète Simon Legasse évoque à leur propos « quel­ques réactions étonnées, voire effarouchées, de la part de croyants et de pratiquants qui, habitués à entendre les récits de la Passion dans les églises, s’inquiètent quand on leur révèle quelques évidences... L’accoutumance n’est pas toujours bonne conseillère » (La Croix, 12/4/97). Mais enfin, qui a « accoutumé » ces croyants et ces pratiquants ? Par qui donc étaient-ils lus dans les églises, ces récits de la Passion ? Qui donc, il y a peu de temps encore, défendait leur vérité littérale comme article de foi ?




Paris, le 21 juin 1997




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tb011062 : 28/12/2017