ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







UN  ÉVÉNEMENT CULTUREL



Un événement culturel

- Un pari un peu fou
- Le succès au rendez-    vous
- Triomphe de la
   raison ?

  . Émancipation
  . Littérature ou
    religiosité ?
- Incertitudes
- «Introduction»
- «Suite»
- Sciences et littéra-
   ture
- Événements et
   interprétation
- Renaissance
- Politique du silence
- Pourquoi mainte-
   nant ?

Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi



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« TRIOMPHE DE LA RAISON » ou « POLAR BIBLIQUE » ?

Émancipation



    Selon un commentateur spécialisé, cette série « n’est pas seulement l’une des plus fortes audiences de l’histoire de la chaîne, c’est l’une des premières fois où la télévision réussit à faire entrer le téléspectateur dans l’aventure de l’esprit et à la rendre aussi passionnante qu’une enquête policière » (Écran Total, 2/4/97, article non signé).
    Cet article titré « Corpus Christi ou l’aventure de la pensée » renvoie à un premier niveau d’analyse : l’effet libératoire du documentaire (qui sera souligné dans plusieurs articles de presse), que j’appellerai ici « l’émancipation de la raison » malgré l’aspect péjoratif que certains croyants (catholiques notamment) ont long­temps donné à cette expression. (1)

    Mais notons aussi que de très nombreux articles, comme celui d’Écran Total, soulignent le côté « enquête policière » (ou « quasi policière ») du documentaire. Ceci est sans doute la conséquence de la « tension dra­ma­tique » voulue par les réalisateurs (2). Et Mordillat lui-même a parlé de « polar biblique » et fait un parallèle avec une autre série célèbre : « On croit que tel fait est acquis, eh bien non ! comme Columbo, on revient sur les certitudes en les interrogeant » (Télérama, 19/3/97). Pourtant, prise dans son ensemble, la série n’est pas du genre « polar ». En effet, loin de rechercher un « cri­minel » caché – ou même un « coupable » – Corpus Christi décortique des processus, et cerne des « res­ponsabilités » historiques. (3)
    Les cinq premières parties relèvent bien plutôt de l’enquête journalistique sur – ou tentative de reconsti­tution de – l’histoire d’une instruction, d’une condamna­tion à mort, d’une exécution. Cela joue un rôle non négligeable dans le succès de l’émission, à une époque où le fonctionnement de la justice est sur la sellette, et où la télévision n’hésite pas à reconstituer tout un procès pour mettre en évidence une erreur judiciaire. Je crois que l’on peut parler ici non seulement d’un « genre documentaire » (« Un mode documentaire est inventé », Le Christianisme, 24/3/97) mais même d’un « genre littéraire » vu l’importance de « l’écriture » dans la problématique de Mordillat et Prieur, et compte tenu du caractère presque « écrit » de leurs films. (4)

______________

(1) Un commentateur de l’œuvre d’Ennio Floris (Sous le Christ, Jésus, Flammarion) lui écrivait en 1987 : « Échappez-vous à une lecture [du Jésus de l’histoire] en quelque sorte "malveillante", oppositionnelle, ratio­naliste pour tout dire... une des innombrables positions critiques déjà trouvées sur et contre le Jésus de l’histoire (des croyants)... Ne travaillez-vous pas à l’émancipation de la raison ? ».
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(2) « Nous avions trois objectifs : assumer une part narrative, répondre à un souci pédagogique, garder une tension dramatique jusque dans la réflexion intel­lec­tuelle » (Mordillat ou Prieur, La Croix, 22/3/97).
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(3) À propos de la première partie (Crucifixion) Tager emploie les expressions : « feuilleton policier, désignés coupables, autre coupable, blanchis, innocentés, fins limiers, recherche le criminel, crime, commanditaire du crime ». Pour présenter la deuxième partie (Procès) il emploie encore « commandité, innocenté ». Pour les trois autres, il n’utilise plus que « indices, témoigna­ges », ce qui est bien le moins pour une « enquête », quelle qu’elle soit.
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(4) Selon les réalisateurs eux-mêmes : « Une image totalement au service de l’écriture et de la lecture » (La Croix, 22/3/97), « Dans la structure des Évangiles, il y a de l’écriture et de la parole, on a une cohérence » (Le Monde, 24/3/97).
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Paris, le 21 juin 1997




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tb011031 : 28/12/2017